Un trou paumé, comme diraient les membres de la marine. S’il appréciait ce petit archipel, surtout de par l’absence totale d’habitants sur les petites îles alentours, Ojin ne s’y rendait que très rarement. La température et les bourrasques gelées eurent tôt fait de l’éloigner de cet endroit, lui qui était davantage habitué aux climats tropicaux… bien que l’acquisition d’une prime puisse le faire se déplacer n’importe ou. Et les raisons de sa présence ici y étaient liées.

En effet, ces îles étaient bien utiles pour tous les criminels cherchant à se faire oublier ou à se reposer un moment à l’écart de la marine. S’il appréciait parfois y aller à l’aveugle, cherchant de lui-même de potentielles vermines, le chasseur décida cette fois-ci de passer par Toroa, seule île habitée des environs, afin d’y chercher de potentielles primes. Les étrangers se remarquaient facilement ici, difficile pour un criminel primé de passer inaperçu… ainsi, il arrivait souvent que les insulaires en viennent à afficher les primes des pirates et plus rarement des révolutionnaires présents dans les environs. Ojin en avait déjà attrapé quelques-uns de cette manière.

“ … “

Après avoir finalement accosté sur l’île à l’aide d’un navire de transport -dont les horaires de passages étaient relativement rares d’ailleurs-, le chasseur de primes se dirigea vers la première et sûrement seule auberge du village. D’une part pour se sustenter, d’une autre pour y trouver les fameuses primes qu’il cherchait. N’importe laquelle ferait l’affaire de toute manière.

Ainsi, le jeune homme poussa la porte du plus grand bâtiment du village dont une douce et entraînante mélodie s’échappait, l’île étant connue pour sa pratique de la musique après tout. L’intérieur, relativement rustique de par le bois dont était constitué l’entièreté du mobiliser, donnait une impression de convivialité et de simplicité, sûrement dû au fait qu’elle ne soit pas très fréquentée.

“ Hum… “

Balayant du regard les gens présents, affichant cet éternel sourire énigmatique, le borgne arrêta son unique oeil sur un homme qu’il pensait reconnaître. Un chasseur de primes relativement connu au sein des blues, tout comme lui. Sans doute serait-il à même de lui partager quelques tuyaux non ? Les chasseurs sont si individualistes… mais il est aisé de trouver un terrain d’entente. Du moins, de ce qu’avait pu constater Ojin au cours de ses précédents voyages.

“ Bien le bonjour, collègue. “

Dit-il en s’installant en face de lui, allumant sa pipe en bois.

“ Comment vont les affaires ? “

Sourit-il. Espérons qu’il ait au moins le sens de la conversation, Tokoyami tenait en horreur les coquilles vides et apathiques.