Affamé. Tout hédoniste qu’il était, Tokoyami avait dépensé tout l’argent qui lui restait dans un salon de massage particulièrement prisé. Malgré les airs qu’il se donnait, le jeune homme n’avait jamais été calculateur et se contentait de suivre ses envies en vivant au jour le jour… ce qui débouchait parfois sur ce genre de situations délicates. Trop affamé pour prendre le large, trop appauvri pour manger. Le charisme et la prestance du borgne avaient laissé place à un homme traînant des pieds la bave aux lèvres.

“ … “

Sa venue au royaume des fleurs n’était à la base dûe qu’à un hasard, le chasseur de primes ayant décidé de passer par la pour bivouaquer avant de repartir en mer. Mais comment aurait-il pu résister aux massages des expertes de l’île dont les doigts fins aussi doux que la peau d’une pêche l’avaient caressé des heures durant ? S’il était affamé, au moins pouvait-il se réjouir de n’avoir jamais été aussi détendu. Son corps semblait comme… incroyablement léger. Du véritable travail d’orfèvre.

Plusieurs heures de déambulations passèrent. Les regards de manquaient pas d’être braqués sur lui, l’apparence du chasseur ayant de quoi se faire remarquer. Sans parler de son physique avantageux, le kimono, le katana et le cache oeil qu’il portait à l’oeil gauche suffisaient à lui donner l’allure d’un guerrier ou d’un individu peu recommandable selon qui le verrait. Et à vrai dire, Tokoyami était sûrement les deux à la fois en plus d’être un chasseur de primes relativement connu dans la région, permettant à certains passants de le reconnaître bien qu’il décida de s’éclipser au risque de ne pas se montrer sous son meilleur jour.

“ … “

Ainsi, prenant le temps de se mettre à l’ombre d’une étroite ruelle, le borgne s’adossa au mur en soufflant un coup. La faim le tiraillait tant que son ventre se mit à gargouiller. Gargouiller si fort qu’il fut sûrement audible jusque dans la rue, enterrant donc définitivement le peu de prestance qui lui restait.

Brrrrrggrrlrlrrr….

Fermant un instant les yeux en tentant de penser à autre chose que la faim qui le tiraillait, le chasseur compris rapidement qu’il n’y parviendrait pas. Deux choix s’offraient alors à lui. Récupérer rapidement une prime en espérant ne pas avoir à faire un trop long travail de pistage… ou voler. Mais alors qu’il rouvrit les yeux, le jeune homme tomba presque nez à nez avec une jeune femme qui semblait s’être approchée durant sa petite introspection. Son ventre avait-il donc fait tant de bruit ?

“ … Je n’ai pas le plaisir de vous connaître. “

Dit-il, gardant la face malgré tout en affichant le sourire énigmatique qu’il gardait la plupart du temps.

Le Royaume des Fleurs, c'est une île qu'elle voulait visiter et, maintenant qu'elle s'y est rendu, Genny se rend bien compte que tout ce qui lui a été dit au sujet de ce royaume s'avère vrai : c'est une île qui est régit sous une loi et une culture très martiale, avec visiblement une sacré armée. Un pet de travers et ça risque de mal finir, mais Genny n'est pas venue pour faire la guerre, ni même pour s'enrôler, ce qui l'intéresse au Royaume des Fleurs, c'est leur riz. En effet, en dehors de leur puissance militaire, le pays est connu par les cuisiniers pour leur riz aromatisé de différentes façons et, justement, elle est venue pour tester leur riz à la cerise, une spécialité qui se fait connaître même sur North Blue et qui, d'après les rares retours des clients du restaurant de ses parents de substitution, voudrait le coup de se déplacer sur place. C'est donc pour leur riz que Genny est ici, pour tester différentes recettes à base de riz avec leur riz.

C'est donc avec un stand et une pile de brochure de pub pour le restaurant de sa famille qu'elle s'est rendue là-bas, avec de quoi cuisiner des spécialités de Luvneel, histoire de faire valoir le détour d'un tel trajet. C'est sûr que ce n'est pas une île de médecins qui risquent d'attirer les touristes, il faut les toucher par leur instinct primaire ! La nourriture a toujours été un bon moyen d'attirer plus de gens et plus de gens qui viendront visiter l'île de Luvneel c'est plus de gens qui viendront au restaurant de ses parents. Un coup de pub bien pensé, surtout que ça lui permettra d'avoir plus de fond pour se rendre à All Blue ... enfin, si elle ne fait pas des dégâts à cause de sa maladresse qui lui coupera tous les fonds qu'elle aura accumulés. Mais elle va essayer de faire attention ... essayer ...

Ca commence déjà très mal dès l'arrivée sur le port, la voilà qu'elle glisse sur les planches humides et finit sur les fesses. Après un grognement de douleurs et une fois que la foule soit se moque d'un rire plus ou moins discret et contrôlé soit lui demande si elle va bien, elle se remet sur pied. Prochain achat : des chaussures antidérapantes, si tout du moins elle arrive à en trouver. Enfin, il fallait maintenant un permis pour placer le stand, elle demande aux autorités qui lui demandent de signer des formulaires, le genre de paperasse qui dit "ne vendez rien d'illégal et ne vous mettez pas sur la place d'un autre stand qui a réservé avant", et bien évidemment, c'est plus ou moins cher une telle autorisation. Heureusement, elle parvient à négocier une place près d'un camp d'entraînement, une position stratégique unique, car elle proche des gardes donc pas de risque de vol ou de vandalisme, mais surtout parce que ça creuse les entraînements. La stratégie est donc d'attirer les soldats affamés pour leur faire goûter les spécialités de Luvneel et faire d'eux de véritables hommes-sandwichs.

Et ça ne manque pas : les soldats viennent par groupe et généralement ils demandent une généreuse ration pour une généreuse somme de berry. La présence de tant de clients attirent aussi des civils et en l'espace d'une demi-journée, elle a écoulé son stock. Une fois son stand fermé, Genny compte les berrys qu'elle s'est fait : il y a assez pour acheter une bonne quantité de riz à la cerise, mais aussi du poisson local. Il paraît que leur thon n'est pas si mal, alors autant tester. Elle se dirige donc sur le marché du Royaume des Fleurs, un marché bien gardé, évidemment, trouvant un marchand de riz. Il les vend dans de gros sacs, assez pour servir pendant une semaine des clients, mais il propose de les livrer aussi. Ses parents seront certainement contents d'avoir du riz de ce royaume, alors elle va leur faire livrer deux trois sacs de riz, puis elle en prend un pour elle. Elle se dirige ensuite chez la poissonnerie du coin pour demander une petite ration de poisson, après tout, elle veut tester, il fallait juste trouver un cobaye pour tester ses recettes avec elle. Elle prend aussi d'autres ingrédients, histoire de faire différentes recettes, puis elle se dirige vers son stand.

Une ruelle attire son attention, elle ne l'a jamais vu, mais ça fait un raccourci vers son stand. Enfin, alors qu'elle manque de glisser encore une fois, se retrouvant ratatiné par terre - encore heureux que le sac soit solide et qu'elle a mis tous ces produits frais dans un sac -, elle finit par attendre un bruit assez proche, un bruit qu'elle connait bien car il s'agit d'un bruit qui provient d'un ventre qui n'a pas mangé depuis un moment. Elle se relève, toujours en grommelant et en retirant la poussière de sa tenue, elle se tourne vers le bruit, trouvant assis contre un mur un homme en kimono - probablement une personne locale - en train de se laisser mourir de faim. Elle soupire, puis elle s'approche, se mettant à genoux devant lui. Son regard croise celui de l'homme, toujours en s'étant abaissée. Il disait ne pas avoir le plaisir de la connaître, ce qui est vrai, elle ne l'a jamais vu mais ...

- Si vous pouvez bouger et me suivre, on aura l'occasion de faire connaissance.

Elle lui tend la main, afin de l'aider à se relever, s'il l'accepte, ou alors elle le laisse plus ou moins galéré pour se remettre debout tandis qu'elle vient reprendre son sac de riz et son sac de produits frais pour se diriger vers son stand qui est encore là. Les gardes lui ont dit qu'ils surveilleront son stand si elle s'absente, mais de toute manière, elle n'avait plus grand chose à l'intérieur, l'argent est toujours sur elle tandis qu'il n'y a plus beaucoup de nourriture suite au passage des soldats.

Enfin, elle l'invite à patienter un moment, préparant différentes recettes à partir du riz du Royaume des Fleurs, en quelques instants, une assiette se remplit de sushi au saumon tandis qu'elle a préparé un bol de riz avec quelques légumes à l'intérieur pour qu'il patiente, le temps qu'elle finisse. Une fois son bol posé devant lui, elle continue de remplir son assiette alors qu'elle fait encore bouillir du riz dans du lait à part.

- Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette situation ?

C'est une bonne question, comment s'est-il retrouvé, allongé contre un mur, en train de mourir de faim ?

Voir la jeune femme s’abaisser devant lui comme pour s’adresser à un mendiant ne manqua pas d’érafler son ego, bien qu’il n’en fit rien. Tokoyami mourait littéralement de faim et mettrait bien sa fierté de côté si cela lui permettrait de se repaître d’un bon repas. Après tout, Ojin avait déjà fait des choses dont il était peu fier… et avait de toute manière appris avec le temps à renier l’honneur de ses agissements. Les préceptes moraux ne sont que des barrières.

“ Hum… avec plaisir. “

Dit-il, charmeur, alors qu’il s’aidait légèrement de la main de la jeune femme pour se redresser. S’il avait sû qu’une jolie jeune femme viendrait l’aider ainsi… manifestement n’avait-il pas perdu de son charme, à moins qu’elle soit simplement naturellement bienveillante. Quoi qu’il en fut, le borgne ne comptait pas tergiverser plus que cela, celle-ci l’ayant invité à la suivre. Restait à savoir pourquoi, après tout elle n’avait pas explicité son intention de le nourrir…

Mais ses intentions finissent par se synthétiser bien vite. Menant le jeune homme jusqu’à une sorte de stand, signe qu’elle était manifestement cuisinière ou savait au moins faire quelque chose de ses mains, la jeune inconnue le laissa patienter, chose qu’il fit calmement, tandis qu’elle préparait à manger. Accoudé au bord du stand, le chasseur de primes la regardait faire sans piper mot, assimilant son savoir en espérant pouvoir cuisiner aussi vite et surtout aussi bien un jour. S’il était grand connaisseur en thé, Ojin n’était pas le meilleur des cordons bleus. La plupart de ses repas étaient consommés en restaurant, en bon hédoniste qu’il était.

“ Disons que je suis arrivé à cours de berrys. Difficile de se sustenter sans payer, n’est-ce pas ? “

Dit-il en entamant les mets qu’elle lui avait préparé pour patienter, soulignant au passage qu’il n’aurait pas de quoi la payer pour ce repas… mais aussi qu’il serait bien généreux de le lui offrir. Aussi amoral et avide pouvait-il être, Ojin ne négligeait jamais les services rendus et comptait bien lui rendre la pareille un jour, de quelque manière que ce soit. Les alliés sont si rares en ce monde… Tokoyami avait toujours admiré, ou du moins vanté les mérites des personnes parvenant à agir sans rien vouloir en retour. Quelque chose qu’il n’aurait jamais fait de son côté.

“ Et vous ? Vous arrive-t-il souvent d’aider de parfaits inconnus ? “

Demanda t-il entre deux bouchées de son bol de riz, prenant bien soin de ne pas parler la bouche pleine. Manifestement, Ojin semblait propre sur lui et un minimum soucieux de son image… du moins sur le domaine de l’apparence. La moralité était autre chose.

“ Mais ou est donc passée ma politesse. Mon nom est Tokoyami Ojin. Enchanté, mademoiselle… ? “

Demanda t-il afin d’échanger leurs identités. D’ailleurs, en étant un peu renseignée, le nom d’Ojin pourrait bien évoquer celui d’un chasseur de primes relativement réputé sur les blues, principalement West blue. Restait à savoir si elle le reconnaîtrait, au moins de loin.

Vu le ton que vient de prendre sa voix, Genny se doute qu'il pense qu'elle est tombée sous son charme, alors qu'en vrai, pas du tout, déjà, entendre une personne faire autant de bruits dans son ventre qu'un chien en train de grogner à la porte de son propriétaire ne rend pas la personne charmante, alors il avait beau afficher son sourire le plus charmeur, la magie disparaît lorsque ses entrailles réclament leur dû comme un enfant pas encore capable de se débrouiller lui-même, criant pour signifier qu'il doit manger ou se faire changer. Mais bref, elle l'aide à se relever, puis lui indique le chemin de son stand, emmenant avec elle les provisions récemment achetées. L'homme semble l'écouter sans trop discuter, il doit comprendre qu'elle l'emmène manger, ou alors il avait si peu de force qu'il sait qu'il ne sera pas capable de répliquer en cas d'agression. Dans tous les cas, Genny n'a pas grand-chose à craindre de cet homme en kimono - et puis, sérieusement, c'est quoi cette manie d'être tout le temps en pyjama en appelant ça "un kimono" ? -.

De retour à son stand, elle s'active pour faire à manger. Elle le fait passionnément, ses coups de couteaux sont aussi maîtrisés qu'un kata réalisé par un sabreur expérimenté, ses mesures sont aussi précises qu'un chimiste ayant eu de la bouteille, ses sushis sont manipulés comme un sculpteur d'argile manipulerait son argile pour lui donner la forme qu'elle souhaite. Pendant qu'il mange son premier bol de cerise à la couleur rosé, elle termine de former les derniers sushis, pendant qu'on pouvait entendre bouillir de son côté dans une marmite du riz dans son lait, laissant dégager une légère odeur de cerise et de cacao dans l'air. Elle vient lui apporter son assiette, il lui indique qu'il n'a plus un sous pour pouvoir se sustenter. Il a donc tout utilisé pour voyager ici ? Ou alors il a tout dépensé sur place ? Voilà qui est plutôt irresponsable pour un jeune adulte. Enfin, Genny lui montre qu'il peut continuer de manger, même après ces paroles.

- Vous avez de la chance que j'ai vu cette ruelle sur le chemin du retour, vous serez sinon encore en train de mourir de faim.

Dit-elle pendant qu'elle remue son mélange sucré pendant qu'il cuit doucement. Elle sent la substance ressembler de plus en plus à une sorte de gruau, se condensant pour devenir du riz au lit, bien qu'elle ait dû changer de recette. Pour faire ressortir le goût de la cerise, Genny a préféré utiliser de la poudre de cacao que du sucre vanillé. Une fois la substance voulue obtenue, elle verse le tout dans un plat avant de le mettre au frais, puis, elle vérifie que tout est fermé niveau gaz, avant d'allumer une clope pour ensuite observer l'homme qui doit encore être en train de manger, lui demandant si ça lui arrive d'aider des inconnus comme ça.

- Seulement s'ils meurent de faim, en tant que cuisinière, je ne peux pas rester indifférente devant une personne qui a faim. Voyez ça comme un serment d'Hippocrate, mais rédigé pour les cuisiniers.

Surtout qu'elle a connu ça, la famine. Enfin, Genny se pose assise sur une chaise, laissant l'homme se présenter. Tokoyami Ojin ... jamais entendu parlé. Elle vient de North Blue et donc ne connait pas les hautes têtes qui sont à West Blue, ou sur les deux autres Blue d'ailleurs. Elle ne sait donc pas que l'homme qui se trouve en face d'elle est en fait un chasseur de prime.

- Genny Applefield, mais vous pouvez m'appeler Genny.

Généralement, les gens préfèrent dire uniquement son prénom, ce qui ne la dérange pas, elle se doute bien que les clients ont un certain lien qui les rapproche lorsqu'elle leur fait la cuisine, certains l'appellent même "chef" directement.

- Vous n'avez pas besoin de payer le repas, je vous l'offre gratuitement.

Dit-elle directement en repensant à ce que vient de dire Ojin quand il a dit qu'il n'a pas de moyen de payer de quoi se sustenter, elle se doute qu'il ne va pas sortir de l'argent de nulle part au risque de crever de faim, ce serait idiot.

Tokoyami n’avait que faire de l’image qu’il pouvait renvoyer en l’instant, étant surtout concentré sur sa faim. Même le plus charismatique des hommes peut céder à ses vices… et Ojin était justement loin d’être le plus charismatique. Ses manières suaves et obséquieuses n’étaient bien souvent destinées qu’à entretenir son personnage, parfois à charmer… mais ce n’était pas son but en l’instant. Affamé, il l’était trop pour tenter quoi que ce soit. Mais orgueilleux, il l’était trop pour implorer la pitié ou se donner des airs de chien battu.

“ Sans doute. A croire que le destin a décidé que mon heure n’était pas encore venue. “

Dit-il, terminant le premier bol alors qu’elle terminait de préparer ses sushis et autres mets particulièrement appétissants. Un véritable travail d’orfèvre que la simple manière qu’il avait de regarder gratifiait. Son ventre ne gargouillait certes plus, mais son oeil, lui, brillait.

Passant ensuite à l’assiette, le jeune homme s’en repût à l’aide de baguettes qu’il maniait avec grande adresse, en concordance avec sa tenue traditionnelle en somme. Si d’aucun trouvaient ses habits étranges en fonction de l’île ou il se trouvait, Ojin n’avait jamais porté attention aux remarques sur sa tenue. Comprendre le confort et le raffinement d’un kimono n’était pas donné à tout le monde et le jeune homme était prêt à pardonner aux plus ignorants.

Une fois la fin de son plat quasiment atteinte, et que la jeune femme semble placer un étrange plat au frais, celui-ci disposa ses couverts de manière ordonnée, les deux baguettes placées côte à côte et bien droites à gauche de l’assiette, qu’il proposa d’ailleurs de nettoyer.

“ Je vais nettoyer mes couverts. “

Dit-il dans ce qui semblait finalement plutôt être une affirmation. Un véritable homme s’impose et rend service sans demander après tout. Et bien qu’il fût loin d’être des plus recommandables ou bienveillants, Ojin se donnait toujours bonne image en public.

Ainsi, contournant le comptoir à moins d’être arrêté par la jeune femme, le borgne à l’oeil bandé commença à nettoyer ses couverts en veillant bien à ne pas faire couler l’eau trop longtemps, préférant éviter d’en gaspiller plus que nécessaire.

“ Je vois. Quelle bonté. Feriez-vous la même chose pour un pirate ou révolutionnaire ? “

Demanda t-il sur un ton apparemment anodin, bien que la question cachait en réalité quelque chose de plus profond. Au travers de sa réponse, Ojin se ferait une idée d’à qui il avait affaire. Après tout… son habitude de ranger autrui dans de petites cases était persistante.

Une fois la vaisselle terminée, le jeune homme la mis à sécher et retourna à sa place de simple client alors que d’autres semblaient approcher. Grands, l’air patibulaire, ceux-ci semblaient bien peu recommandables… bien qu’il n’y eut à priori aucune raison d’être sur la défensive pour si peu.

“ C’est bien aimable à vous, Genny. Puis-je vous rendre la pareille d’une quelconque manière ? “

Dit-il alors que les clients s’affairaient autour du stand, semblant se disputer à propos de ce qu’ils allaient bien pouvoir prendre.

Le destin, c'est quelque chose de très étrange, quelque chose qu'on ne peut malheureusement pas dompté, même si certains le pensent. Est-ce vraiment le destin qui a mis la cuisinière sur le chemin de cet homme affamé ? Probablement, mais cela signifie que son destin la pousse à faire ce en quoi elle croit : que tout le monde, une fois le ventre rempli, peut devenir une personne honnête. Qui sait, si ce jeune homme aurait pu devenir un voleur sans scrupule guidé par l'envie de remplir son estomac, telle une goule qui suit aveuglément les ordres de celui qui l'a invoqué, ou pour rester dans le concret, une abeille qui ne vit que pour sa ruche et qui fait ce pourquoi il est venu au monde. Donc, oui, cet homme aurait pu être une abeille ... cette comparaison est un peu étrange, mais soit, dans la tête de Genny, c'est cohérent, peut-être maladroit, mais cohérent.

Elle lui sert l'assiette qu'elle a concocté, visiblement, il aime ce qu'elle lui a fait, ce qui veut dire que son expérience est un succès. Elle va éviter de lui dire qu'il a servi de cobaye, il pensera sinon qu'elle lui a donné à manger juste pour ce but, alors que c'est vraiment par envie qu'elle a voulu cuisiner. Enfin, elle continue de fumer, visiblement, il ne dit rien pour l'en empêcher, alors elle continue, bien sûr, sans se mettre à lui souffle en plein visage, elle est polie la demoiselle quand même. Il souhaite laver ses couverts, s'il le souhaite, ça lui fera de la vaisselle en moins. Elle lui montre l'endroit où il peut nettoyer ses couverts, puis elle observe des types visiblement peu recommandables venir à son stand qui pourtant est fermé. Bon, elle l'a rouvert juste pour le nourrir, mais elle n'a clairement pas de quoi tous les nourrir, et les voilà qui commence à se disputer. Elle soupire, puis tourne la tête vers l'homme qui lui demande si elle fera pareil si elle se trouve devant un pirate ou un révolutionnaire.

- Jusqu’à preuve du contraire, c’est rarement marqué sur leur front que ce sont des pirates ou des mercenaires, mais oui, je leur donnerai à manger s’ils ont faim.

Enfin, elle se tourne ensuite vers les hommes qui sont en train de se disputer, ils n'ont pas vu l'écriteau ? Pourtant elle l'a fait exprès très gros et visible pour que cela se voit à des kilomètres, mais bon, ils sont peut-être malvoyant, surtout avec des lunettes de soleil. Franchement, quel manque de bon goût, en tout cas, les gardes entendent la dispute, et ils jettent un oeil par la fenêtre pour voir ce qui se passe. Genny soupire, puis, alors que l'autre homme en kimono arrive, elle commence à hausser le ton pour attirer leur attention.

- Le stand est fermé, je n’ai pas assez de stocks pour tous vous nourrir, il faut que je refasse le plein de provisions à Luvneel. Revenez plus tard ou allez autre part en attendant, je suis désolé.

Elle s'incline poliment devant eux, puis elle reprend la cigarette qu'elle a retirée de sa bouche pour éviter qu'elle tombe ou qu'elle s'étouffe avec, ce qui lui est arrivé, maladroite comme elle est. Enfin, l'homme voulait savoir comme lui rendre la pareille, il a dû voir ces gars venir et sentir que ça allait empirer, mais les gardes sont de son côté, et d'ailleurs ceux qu'elle a nourri observe de loin le groupe de malfamé, pour le moment, ils ne font rien de mal, donc ils n'interviennent pas.

- C'est gentil, mais j'ai dit que c'était gratuit. Et puis, je ne sais pas comment vous pouvez m'aider.

Dit-elle en haussant des épaules, alors qu’elle continue de fumer alors qu’elle continue d’observer les types, histoire de voir s’ils dégagent ou non.

Terminant sa besogne, Ojin sortir une longue pipe en bois de son kimono. En effet, si le jeune homme n’était pas dérangé par la fumée de la cuisinière, sans doute était-ce parce qu’il était fumeur lui-même… bien que d’un autre calibre. Ainsi, ce dernier alla remplir son oeuvre de tabac violet assorti à son kimono et l’alluma avant d’inhaler la fumée. Une fumée à l’odeur particulière, rappelant les encens orientaux pouvant être humés sur certains stands au marché. En somme, une odeur bien moins désagréable que le tabac.

“ Oh vous savez, les individus peu recommandables se repèrent au premier coup d’oeil. “

Si la règle n’était pas absolue, Ojin faisait surtout allusion aux clients qui venaient d’arriver. Au vu de leurs expressions patibulaires, dents serrées, sourcils froncés, regards perçants, manifestement ne faisaient-ils pas beaucoup d’efforts pour paraître aimables. De vrais clichés de malfrats, ce qui les rendait au final plus ridicules que menaçants aux yeux du sabreur.

Finalement, alors qu’elle formule son refus, le jeune homme se redresse et pose une main sur la poignée de son arme. Simple geste mécanique ou préparation à dégainer, qui sait. Toujours est-il qu’il se tient prêt en cas de pépin, chose qui risquerait d’arriver au vu des têtes que font les gaillards en entendant la jeune femme leur refuser le service.

“ On a toujours besoin d’aide un jour ou l’autre. Mon offre n’est pas limitée dans le temps. “

Dit-il en exhalant la fumée alors que le plus grand du groupe de gaillards, malgré le regard des gardes, s’approcha devant le duo. Haut de plus de deux mètres, celui-ci dépassait allègrement nos deux protagonistes bien qu’Ojin fut haut de 185cm.

“ Comment ça t’as plus de stock ? Et le cyclope la, il mangeait à l’instant ! “

Gonflant les muscles, le gaillard semblait être de ces abrutis cherchant n’importe quelle excuse pour causer du grabuge. Voyant cela, les gardes commencèrent à s’avancer mais furent interpelés par les acolytes du costaud qui firent barrage en prenant un air menaçant.

“ Quelles manières décidément. Le respect est une valeur qui se perd. “

Se moqua Tokoyami, inhalant une nouvelle fois la fumée de sa pipe.

S'il pense être subtile, il l'est autant que peut l'être une chaussure de sécurité en pleine figure. Genny comprend bien vite que les personnes en face d'elle sont plutôt patibulaires et sont prêts à casser son stand juste pour le plaisir, après tout, ils sont plutôt clichés ces vilaines brutes qui viennent pour "manger". Les gardes viennent, mais se font stopper par ces brutes, cependant, s'ils pensent réussir à arrêter des gardes du Royaume des Fleurs, ils se mettent le doigt dans l'oeil, mais c'est vrai que ça devrait suffire à les occuper pendant que celui qui est resté, visiblement le chef de tous ses guignols, reste et lui fait remarquer qu'en effet, le "cyclope" a mangé il y a peu, mais la jeune femme n'a vraiment pas assez de nourriture pour nourrir lui et tous ses gars, mais elle a la vague impression qu'il s'en fiche un peu, tout ce qu'il veut, c'est probablement détruire son stand ou bien tenter de passer une nuit agitée avec la demoiselle, voire les deux.

- Bah il a mangé tout ce qui restait, c'est pas compliqué à comprendre, si ?

Elle en perd son vouvoiement, même si elle ne l'a pas tutoyé à l'instant, on peut entendre dans sa voix qu'elle est légèrement agacée de voir ce géant lui faire la morale et se croire plus malin qu'elle. Enfin, elle jette sa clope, s'il voulait détruire son stand, il faut d'abord qu'il passe par elle, même si certes, l'homme est bien plus grand que la cuisinière qui semble ressemblé à une naine comparée à lui, mais elle a un tour dans son sac et tout juste assez d'allonge avec sa jambe pour lui faire un coup bien sournois, histoire de lui faire regretter de vouloir en prendre à son stand. Oh, il peut faire le beau avec ces muscles, il risque de moins faire le beau après ce qu'elle va lui faire subir pour lui faire passer cette envie de tout casser, et au moins, ça l'occupera pendant que les gardes viennent après s'être occupé de ces acolytes.

- Je vais lui apprendre le respect m..

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que son pied cogne dans un des pavés qui composent la route, puis elle se met à chuter à grande vitesse. Cependant, sa chute a été amortie ce coup-ci, son front s'est mis à cogner quelque chose, elle ignore ce que c'est, mais ça semblait trop mou pour que ce sois le torse de l'autre. Elle se relève en grommelant, se massant la tête alors qu'elle observait le géant allongé par terre, se tenant fermement l'entrejambe, visiblement en train de passer l'arme à gauche. Elle a visiblement dans sa chute donné un violent coup de boule à ses parties intimes, et cela suffit malgré ses gros muscles à le mettre K.O., c'est ce qui est bien quand ton adversaire est un homme, les points faibles sont évidents.

- Eh bien, je comptais viser ici, donc j'imagine que ça va plus vite comme ça.

Elle se dépoussière la tenue alors que les gardes commencent déjà à mettre la raclé à ses voyous, ce qui est prévisible, des années d'entrainement militaire suffisent largement à surpasser des petites frappes, même avec quelques muscles et quelques centimètres en plus. Enfin, elle se tourne vers Ojin, encore la main à son sabre, en train de fumer à la pipe.

- On parlait de quoi déjà ?

Dit-elle sans se rendre compte que son bras commence à brûler légèrement, laissant une gerbe de flamme prendre son coude pour grandir petit à petit au grès du vent frais qui se met à souffler sur eux.

Ojin, observant la scène alors qu’il était prêt à réagir à temps, se fait couper l’herbe sous le pied par la jeune femme… indépendamment de sa volonté visiblement. En effet, celle-ci trébuche maladroitement en venant mettre un coup de tête dans l’entrejambe du gaillard, le point faible de tout homme, le mettant instantanément au tapis pour les 20 prochaines minutes.

“ Comme quoi la maladresse a du bon. “

Dit-il en tendant la main vers elle pour lui proposer de l’aider à se relever. Qu’elle accepte ou non, le jeune homme se tourne ensuite vers la bande plus loin qui commence à regretter de s’être interposé face aux gardes, puisque ces derniers leur rappellent rapidement leur statut de petits bandits ridicules à coup de masse derrière la nuque. S’ils n’ont en soi rien fait de grave, ils auront sans doute droit à quelques nuits au trou histoire de leur remettre les idées en place.

Voyant que la jeune femme s’adresse alors à lui comme si ne rien était, le borgne lui répond sur un ton ironique, néanmoins impressionné. Qu’elle ait fait exprès ou non, elle semblait bien décidée à régler son compte à ce grand gaillard sans la moindre hésitation.

“ De votre incroyable courage, en plus d’un talent culinaire tout bonnement… “

S’il comptait continuer sur cette envolée lyrique, le feu naissant au bras de la jeune femme stoppa le jeune homme dans son élan. Combustion spontanée ? A moins qu’elle ait un briquet dans sa manche ? Quoi qu’il en soit, le premier réflexe de Tokoyami fut d’arracher le haut du gaillard, avec lequel il tenta d’étouffer le feu menaçant de consumer la cuisinière.

Mais… contre toute attente, le feu continua de brûler… sans consummer le tissus. Comme s’il s’agissait de fausses flammes, d’une hallucination. De quoi bien faire halluciner le borgne qui haussa un sourcil sous l’incompréhension à défaut de réagir de manière plus explicite.

“ Mais qu’est-ce que c’est que ça ? “

Dit-il en passant la main dans les flammes. Rien.

"La maladresse a du bon", parfois, elle a de la chance dans sa maladresse surtout de s'être violemment cogné contre son entrejambe, car sinon, elle serait en ce moment fesse à l'air en position de faiblesse, elle aurait dû user de son fruit alors qu'elle ne sait pas du tout l'utiliser pour l'instant. Enfin, Genny soupire, toujours en se frottant le front, elle se met ce coup-ci au côté du sabreur, observant la scène des gardes en train d'arrêter toutes ces racailles hooligans, ça reste des brutes de village contre des militaires, c'est comme voir des chihuahuas domestiques pensés avoir une chance face à des bergers allemands entraînés. Bref, les brutes sont arrêtés et mise en garde à vous pendant que Genny écoute tranquillement ce que voulait lui dire le sabreur, commençant à gonfler des joues alors qu'elle se retrouve d'un seul coup avec un morceau de tissu qu'il a arraché de la brute qu'elle a "assommé". Elle cligne des yeux, puis voit qu'elle brûle au niveau du coude, et sans comprendre s'il s'agit de ses flammes bleues ou de flammes normales, elle se met à paniquer.

- AAAAAH AU FEU AU FEU AU FEU ! CHAUD CHAUD CHAUD !

Elle remue le bras frénétiquement, comme si ça peut éteindre les flammes, alors qu'en vérité, s'il s'agissait de vraies flammes, ça aurait empiré. Mais elle ne sent pas ses habits se réduire en cendres, ni même sa peau qui se fait brûler, ce qui lui met la puce à l'oreille qu'il pourrait en vérité s'agir de ses flammes. Elle observe le feu qui a pris son coude, et en voyant la couleur bleuté aux reflets jaunes, elle soupire de soulagement, alors qu'Ojin passe sa main à travers ces flammes alors que les gardes viennent lui jeter un sceau d'eau sur elle pour éteindre les flammes, chose qui ne marche pas évidemment, mais qui frigorie Genny qui se redresse d'un seul coup.

- FROID FROID FROID !

Elle n'a même pas le temps de dire que ça ne marchera pas que déjà les soldats viennent chercher un autre seau d'eau pour tenter d'éteindre les flammes, et à nouveau elle se fait tremper, ce coup-ci devant. Elle fait signe d'arrêter, toussant après avoir manqué de boire la tasse, alors que les soldats semblent comprendre que ces flammes sont anormales à leur tour, surtout après avoir vu Ojin passer sa main au travers sans représailles ni douleur apparente. Après ce frisson qui parcourt son corps, elle positionne ses bras au niveau de sa poitrine, conscient que sa chemise blanche mouillée ne cacherait plus rien, alors qu'elle se concentre pour essayer de calmer les flammes, ce qui marche ... toujours pas, bon bah, elle va attendre que celles-ci finissent de la soigner pour qu'elle disparaisse.

- C'est plutôt compliqué à expliquer ... est-ce que vous connaissez les fruits du démon ?

Elle est consciente que des gens ne connaissent pas ses fruits, elle-même ne connaissait pas les fruits du démon avant de finalement en manger un. Donc la cuisinière - grelottant à cause du vent frais qui lui donne froid à cause de l'eau déjà bien froid - préfère demander avant d'être traitée de folle ou d'hérésie, ce n'est pas donné à tout le monde d'être aussi instruit qu'un luvneelois. En tout cas, ça se voit chez les gardes qui sont en train de discuter entre eux, parlant de "rumeurs" et autres légendes sur des fruits qui peuvent donner des pouvoirs étranges à ceux qui les mangent.

Ojin, regardant la jeune femme s’agiter, ne semble pas réagir plus que cela. Sans doute va-t-elle se rendre compte d’elle-même que ces flammes ne brûlent pas et se calmer. A priori, elle est plus à même de comprendre ce qui lui arrive que le jeune homme, qui tente de trouver une explication rationnelle à ce qui lui arrive. Chose compliquée dans un monde justement aussi irrationnel. Ainsi, lorsque les gardes l’aspergent d’eau, Ojin leur fait signe d’arrêter. Non pas que la vue que leur offre brièvement la jeune femme lui déplaise, mais il serait dommage de lui faire boire la tasse alors qu’elle n’est même pas immergée.

“ Du calme, vous voyez bien que ces flammes ne brûlent pas. “

Dit-il à ces idiots manifestement plus doués pour frapper que réfléchir. Qu’attendrait-on de plus de la part de simples gardes de toute manière ? Mieux vaut pour lui se charger de la jeune femme lui-même. Après tout, Ojin avait une dette envers elle… autant la lui rendre le jour même.

“ Vous devriez vous sécher. Est-ce que vous vivez ici ? “

Demanda t-il, tendant le haut de son kimono à la jeune femme. De par leur différence de taille, le vêtement serait largement assez pour la couvrir, Ojin étant de toute manière vêtu d’une tunique et d’un pantalon de toile en dessous. Personne ne porte de kimono à même la peau, du moins pas les gens un minimum civilisés. L’habit est si ample et fin qu’un coup de vent suffirait à vous déshabiller.

Reportant sa pipe à ses lèvres pour terminer l’étrange tabac qu’elle contenait, l’unique oeil du chasseur sembla s’illuminer lorsque la jeune femme énvoqua les fruits du démon. Des reliques mythiques auxquels certains ne croyaient même pas, mais qu’Ojin avait cherché et continuait de chercher ardemment.

“ Oui… ne me dites pas que vous en avez mangé un ? “

Dit-il en l’observant de haut en bas, détaillant son corps et ses expressions faciales. A priori, rien de spécial… du moins, si elle ne mentait pas. Mais lequel aurait-elle bien pu manger pour brûler d’un feu qui ne brûle pas ? Ne serait-ce pas légèrement idiot ? Et ou l’aurait-elle trouvé, comment ? Bien vite, de nombreuses questions vinrent se bousculer en l’esprit du jeune homme, bien qu’il attendait d’elle qu’elle lui fasse des révélations de son propre chef… quitte à s’isoler des oreilles indiscrètes.

Genny meurt de froid maintenant, c'est malin, heureusement que les gardes s'excusent au moins de l'avoir arrosé deux fois d'affilé pour pas grand chose au final. Cependant, Ojin est le plus rapide à lui propose son kimono pour la garder au chaud, même si elle a sa veste et sa chemise qui imbibée d'eau, elle va devoir les retirer ... mais pas devant tout ce monde ! Gonflant les joues alors qu'elle pouvait sentir l'unique oeil d'Ojin qui parcourt rapidement son corps, preuve qu'il apprécie de qu'il voit, elle met le kimono sur son épaule et s'entoure comme si c'était une serviette, le mettre tout de suite serait le mouiller et ça ne l'arrange pas du tout. Heureusement qu'elle a du linge de rechange au cas où, même en maîtrisant la cuisine on peut avoir des accidents, alors elle a des vêtements en plus pour éviter de servir les clients avec une veste tachée ou une chemise trouée, bien qu'elle ne dit pas non à un T-Shirt sur ce coup. Ojin souhaite savoir si elle habite ici ou pas, elle répond négativement de la tête, elle n'a pas vraiment de maison au Royaume des Fleurs, elle a une chambre évidemment, mais elle n'a pas vraiment de maison à proprement parlé, la sienne se trouvant au Royaume de Luvneel.

- Non, j'habite au Royaume de Luvneel, c'est dans North Blue, c'est un peu loin pour m'accompagner directement là-bas. Mais j'ai loué une chambre dans la taverne qui n'est pas loin d'ici.

Elle se tourne vers les gardes, ces derniers sont restés ici, à l'observer tandis qu'elle a demandé s'il connait les fruits du démon, visiblement, tous sont en train de discuter entre eux, ils n'ont pas besoin de savoir quel fruit elle a, cependant, Ojin semble vouloir en savoir plus. Elle soupire, visiblement, elle va devoir l'emmener avec elle dans sa chambre, elle qui voulait avoir sa chambre connue de personne, elle va devoir inviter une personne à l'intérieur.

- Vous avez vite compris Ojin. Messieurs, pouvez-vous garder mon stand le temps d'aller me changer et me sécher ?

Les gardes acceptent, certains se positionne déjà alors que Genny indique au sabreur de la suivre jusqu'à sa chambre. Elle ne mentait pas quand elle disait que la taverne n'est pas loin, car en quelques secondes de marche, ils se trouvent devant. C'est une taverne modeste, certes ayant un charme traditionnel, mais qui reste abordable. Certes, la chambre dans qu'elle a loué est très modeste, mais elle est suffisante pour une personne. Elle dispose d'une pièce qui fait office de chambre et de cuisine et une autre de salle de bain, cela lui suffit amplement.

- Pouvez-vous vous retournez juste un instant s'il vous plait ?

Dit-elle en gonflant les joues, se mettant de dos à lui alors qu'elle posait son kimono, défait sa cravate, puis déboutonne sa chemise trempée pour la retirer en même temps que sa veste. Elle prend une serviette, sèche son corps en s'essuyant avec sans retirer son soutien-gorge qui semble avoir été épargné par l'eau, puis elle prend un T-Shirt sec qu'elle enfile, puis à ce moment là, elle met le kimono d'Ojin, constatant qu'il est bien grand comme elle peut le voir au niveau de ses manches qui englobent sa main. Elle a l'impression d'être dans un peignoir, mais bon, au moins, elle a chaud maintenant. Histoire de bien faire tenir tout ça, elle attache rapidement une ceinture autour de sa taille, puis, une fois tout cela immobilisé, elle retire les élastiques de ses cheveux, histoire de les faire sécher eux aussi, les laissant tomber jusqu'à dépasser ses grosses cuisses.

- Vous avez l'air de vouloir en savoir plus sur le fruit que j'ai mangé, je me trompe ? Je vous écoute donc, que voulez-vous savoir ?

Dit-elle en se rendant à la cuisine pour chauffer de l'eau dans une théière, lui indiquant un coussin sur lequel s'asseoir en attendant, fouillant dans les herbes à thé qu'elle possède tandis que la flamme qui enflammait son coude semble s'être calmée, sa blessure a dû être guérie et il n'y a donc plus de combustible pour qu'elle prenne ... en vrai c'est juste des suppositions, vu qu'en vrai, elle ne se rappelle pas avoir eu mal au coude, mais bon ... elle "imagine" que c'est ça ...

Ojin apprécie en effet la plastique de la jeune femme, qu’il trouve de toute manière dotée d’une beauté non négligeable bien qu’il ne se soit jamais montré difficile en matière de femmes. Sans doute est-ce ce qui justifie ses courtes aventures et sa propension à ne jamais garder de longues relations, ses envies changeant hélas sans cesse au cours du temps.

“ Luvneel ? Je vois. “

S’il n’en dit pas plus, Ojin connaît cette île gouvernée par une monarchie. Il y fait apparemment plutôt bon vivre et l’île est surtout connue, du moins à son égard, pour ses hôpitaux de qualité défiant toute concurrence sur l’ensemble des blues. Peut-être auraient-ils pu sauver son oeil s’il avait été pris en charge sur l’île à temps… West blue n’est hélas pas simple à parcourir rapidement.

Ainsi, la jeune femme semble l’inviter à le suivre jusque dans sa chambre située à quelques pas du stand. S’il aurait pu prendre cela comme une invitation, le savoir vivre du jeune homme le poussa à se contenter de la suivre sans se comporter tel le dernier des assoiffé. Une fois arrivé dans la chambre, qui semble relativement exiguë bien que typiquement pour les travailleurs saisonniers, le chasseur se retourne lorsqu’elle le lui demande sans protester.

“ … “

Une fois prête, Ojin jette un oeil vers elle en se rendant compte de la longueur des cheveux, chose qu’il n’avait pas remarqué avant mais surtout ses délicieuses cuisses sans doute dignes d’une bonne mangeuse. Néanmoins… quelque chose l’intéresse plus que son corps.

“ Hum… “

Pensif, le borgne s’assoit sur le coussin qu’elle lui a désigné en attendant, posant son katana à côté de lui.

“ Quel fruit est-ce pour commencer. Vous pouvez manifestement faire du feu, mais il ne brûle pas. “

Sans doute avait-il des propriétés particulières.

“ Ou et comment l’avez-vous trouvé aussi. Voyez-vous, je m’intéresse tout particulièrement aux fruits du démon depuis que leur existence a été portée à ma connaissance. “

C’était la seconde fois qu’il rencontrait une personne dotée des capacités d’un fruit, après Ilyana.

Oui, elle les a plutôt longs, elle ignorait que ça pouvait surprendre, mais en effet, comme elle est pratiquement tout le temps en service, elle s'attache tout le temps ses cheveux en deux couettes qu'elle surélève, et pourtant, ces deux couettes lui touchent déjà ses énormes cuisses, alors forcément, une fois libéré, ça les avale tout cru. Enfin, la cuisinière s'est rendu dans la cuisine, commençant à chauffer de l'eau alors qu'elle jongle avec une boîte qu'elle veut prendre en hauteur, non pas pour se la péter, mais pour éviter de la faire tomber après une fausse manipulation. La violette soupire, elle-même se demande comment elle pouvait être aussi maladroite lorsqu'elle n'est pas avec un couteau ou une casserole dans les mains, c'est une malédiction ? Elle n'a pas assez avec celui de son fruit qui lui empêche de nager dans de l'eau de mer ? Bon, elle n'allait déjà pas beaucoup à la plage comme on peut le voir à son teint blanchâtre, mais elle ne peut plus profiter de l'été comme une personne normale, et dommage parce qu'elle aurait bien aimé piquer une tête pour une fois, mais bon, elle imagine qu'elle va devoir se contenter d'écraser des pastèques et bronzer tranquillement.

- Pour les flammes, en effet, elles ne brûlent pas, j'ignore pourquoi. A vrai dire, les pouvoirs que m'a procurer ce fruit me dépasse encore.

Elle observe son bras, ayant retroussé les manches au maximum pour éviter de tâcher le kimono suite à une fausse manipulation, car en effet, son pouvoir s'est manifesté d'abord en brûlant son bras ... enfin, "brûlant", tout est relatif avec ces flammes bleues aux reflets jaunes. Pourquoi ils sont bleus d'ailleurs ? Ce n'est pas censé être plus chaud quand c'est bleu ? C'est ce qu'on lui a dit en tout cas, mais visiblement, ces flammes sont spéciales, très spéciales.

- Parfois, je me mets à prendre feu sans m'en rendre compte et sans aucunes raisons. Je pensais que c'était lorsque je me blessais que ça s'active, ou lorsque je me mettais en colère ou je ne sais quoi encore, mais visiblement, c'est totalement aléatoire. Mais je peux les maîtriser un minimum.

Elle se concentre, alors que son bras semble s'entourer de flammes bleues pour ensuite totalement l'englobé, fusionnant avec avant de grandir afin de former une gigantesque aile flamboyante, entièrement constituée de ces flammes bleues. Lorsqu'elle active cette aile, quelques flammes apparaissent subitement ici et là, surtout au niveau de son front où elle s'est cognée, embrasant cette blessure avant qu'elle disparait petit à petit.

- Visiblement, je peux me transformer en une sorte d'oiseau de feu et mes flammes ne brûlent pas, mais me guérissent. Mais j'ai du mal à maîtriser ce pouvoir encore et je ne peux que transformer mes deux bras.

Ce qui est peu pratique pour faire la cuisine, parce que ... bah ... elle n'a plus de main, alors pour tenir un couteau ou une casserole, c'est compliqué, n'est-ce pas ? Enfin, la cuisinière refait prendre à son bras son apparence, le bougeant à nouveau pour voir s'il lui obéit toujours. Elle met ensuite les herbes à thé dans la bouilloire qui commence à chauffer, puis elle observe Ojin.

- Pour le fruit, il est apparu subitement sans prendre garde. J'ai toujours du mal à y croire rien qu'à y penser, quelque part c'est comme si ce fruit m'a choisi, ce qui est étrange ...

Dit-elle en restant concentré sur la bouilloire qui continue de chauffer, elle peut déjà entendre l'eau qui bout à l'intérieur, entre les bulles qui commencent à exploser, résonnant dans la bouilloire, alors que l'eau commence à assimiler les saveurs des herbes à thé comme son bras s'est fait assimiler par ces étranges flammes.

Écoutant les explications relativement… alambiquées de la jeune femme, Ojin se massa le menton en réfléchissant à ce que pourrait bien être ce fruit et les capacités qu’il lui avait conférées. Réponse qui vint seule lorsqu’elle dévoila volontairement son pouvoir, transformant alors son bras en aile. Un oiseau de feu, dont les flammes guérissent… Tokoyami n’eut aucun mal à faire le parallèle avec la figure mythologique du phénix. Cette fameuse créature renaissant de ses cendres. A vrai dire, Ojin ayant consulté beaucoup d’ouvrages portant sur les fruits du démons, il se souvint même avoir vu mentionné un tel fruit.

“ Je crois que vous avez… tu as le fruit du phénix. En tout cas, ça m’y fait penser. “

Dit-il en se redressant, passant d’ailleurs au tutoiement sans raisons. Les formules de politesses commençaient à l’ennuyer, puisqu’ils conversaient désormais depuis plusieurs heures… et que les choses ne risquaient pas d’aller plus loin en usant de telles obséquiosités.

“ Les fruits du démons apparaissent aléatoirement. Ils se réincarnent dans un fruit banal. Tu as simplement eu beaucoup de chance… “

S’approchant de la jeune femme en observant ses flammes l’air hypnotisé, le jeune homme tendit même la main vers elle… avant qu’elle ne révoque les flammes pour retrouver son apparence normale.

“ … Ou est-ce un coup du destin. Qui sait. “

S’adossant au mur proche d’elle en attendant que la bouilloire soit prête, le jeune homme resta muet un instant. Cette femme l’intéressait sur plusieurs plans, c’était indéniable. Mais pourrait-il seulement arriver à ses fins ? Aussi fort était-il, Ojin n’avait aucun pouvoir et avait toujours vu une certaine distance entre les utilisateurs de fruits et les autres. Comme des sortes de dieux parmi les hommes.

“ Je cherche à constituer un équipage… et ton talent pour la cuisine y serait apprécié. Me ferais-tu l’honneur de rejoindre ce projet ? “

Dit-il, solennel, alors que son unique oeil la fixait chaudement. A vrai dire, son talent culinaire était réellement l’une des deux raisons pour lesquelles Ojin lui accordait un intérêt, le premier étant évidemment son fruit du démon. Un tel pouvoir serait sans doute aussi utile pour elle que pour eux… si bien qu’une nouvelle question lui vint en tête. Comme une sorte d’automatisme.

“ Je me demande si tes flammes peuvent guérir les autres. “

A priori, c’était à tester.

Le fruit du Phénix, Genny se doute bien qu'elle a ce fruit, mais elle n'est pas encore très sûr, qui lui dit que ce n'est pas un Paramécia ? Ou un Logia ? Peut-être que ces flammes forment des ailes car c'est sous cette forme qu'elle pense les former, ce qui est étrange, pourquoi penserait-elle à des ailes ? C'est idiot en effet ... mais en tout cas, ça semble y ressembler pour l'instant. Elle ne connaît pas trop ces pouvoirs, elle connaît cependant les limites de ce pouvoir : les blessures guéries sont souvent des blessures bénignes comme des coupures ou des bleus, voire des bosses. Lorsqu'elle transforme ses deux bras en ailes, elle peut voler qu'à basse altitude, elle dépasse à peine le toit des maisons et souvent c'est de toit en toit qu'elle peut voler. Elle se doute bien qu'en l'utilisant, ça finira par exploser ces limites que lui impose son fruit, peut-être que ses flammes peuvent guérir des blessures plus graves ou son vol sera plus long, voire même son corps entier pourra se transformer en cet oiseau de feu qu'on nomme "le Phénix". Ca ne lui explique cependant pas pourquoi ces flammes sont bleues, le phénix est rouge normalement, non ?

Enfin, Ojin semble vouloir à tout prix caresser ces ailes, elle ignore pourquoi, il a déjà passé sa main au travers d'une flamme, non ? Donc il a senti que ces flammes ne sont pas chaudes, alors il sentira la même chose à peu près. Mais c'est vrai que ces flammes semblent ... "physique", physique comme de l'eau ou du vent que tu prends en pleine figure. C'est assez étrange lorsqu'elle le ressent, mais c'est vrai qu'elle ne sait pas ce que pouvait ressentir les autres en se prenant un coup d'elle, probablement se feront-ils souffler, mais sans plus devant les coups d'ailes de feu de la jeune demoiselle. Enfin, il a l'air d'en connaître un rayon sur les fruits du démon, elle se demande tout de même à quel point, en sait-il autant que ce savant qui lui a appris l'existence de ces fruits et l'origine de ce pouvoir étrange ? Elle va vérifier.

- Vous ... Tu as l'air de t'y connaître en ce qui concerne les fruits du démon, où as-tu appris ça et que sais-tu exactement ?

Il a arrêté de la vouvoyer, alors elle fait de même, de toute manière, à partir du moment où elle lui a pris son kimono et l'a emmené dans sa chambre, il y a déjà certaines barrières sociales qui sont brisées. Au diable le vouvoiement maintenant. Enfin, la vapeur commence à sortir du bec de la théière, d'abord par à-coups, comme si la vapeur tente de déboucher le bec en donnant des coups, puis un bruit strident se fait entendre de plus en plus, avant que Genny prenne la théière, puis la dépose sur une autre plaque non allumée.

- Je suis allé voir un savant à Luvneel qui m'a appris tout ce que tu viens de dire. Il m'a dit que son ancien propriétaire serait décédé, et que sa malédiction aurait touché un des fruits que j'ai acheté. Il est vraiment apparu par magie sur le coup, ça m'a fait bizarre de voir cette pomme avec ces espèces de spirales et sa couleur étrange, dire que je l'ai mangé presque comme s'il m'avait charmé.

Elle soupire, puis elle verse le contenu de cette théière dans deux petites tasses, avant de se diriger en prenant bien soin de ne pas tomber ce coup-ci, ni même de lâcher ce plateau, mine de rien, ça lui demande pas mal d'effort. Elle dépose le plateau sur le kotatsu qui est proche du coussin sur lequel le borgne s'est assis et a laissé son sabre, puis elle vient se mettre assise sur un autre coussin, de l'autre côté de la table.

- Un équipage ? Ca dépend, c'est pour faire quoi ?

Genny sait ce qu'elle veut, elle souhaite aller à All Blue, mais elle ne souhaite pas y aller en tant que délinquants, non, elle souhaite s'y rendre en tant que civil et ne pas avoir de prime. L'autre ne semble pas être un pirate, mais contrairement à ce qu'il a dit, ça ne se voit pas sur les visages que la personne en est un ou non. Enfin, il lui demande si ses flammes peuvent guérir les plaies des autres, ce à quoi elle hausse les épaules.

- Pas pour l'instant en tout cas.

Son pouvoir ne le lui permet pas, peut-être que ça viendra avec plus d'expérience, elle ne sait pas, peut-être que ça finira par arriver et qu'elle pourra soigner les plaies des autres, mais pour l'instant, c'est non.

La sensation au toucher était très étrange. Les vraies flammes, en soi, sont totalement immatérielles. Ce n’est que la chaleur qu’elles dégagent que l’on peut sentir comme si elle était tangible. Mais les flammes bleues du phénix, si elles ne brûlent pas, semblent être… tangibles. Comme s’il passait la main au travers d’un léger courant d’eau, ou d’un quelconque fluide. Une chose est sûre, ce fruit est sans doute l’un des plus mystérieux qu’il ait connu…

“ J’en ai entendu parler au travers de rumeurs au début. Puis, j’ai fait diverses recherches dans plusieurs ouvrages qu’ils soient anciens ou récents. Pour finir, je me suis fait une amie… qui détient également les pouvoirs d’un fruit du démon. “

En revanche, Ojin ne comptait pas en dire plus au sujet d’Ilyana. Elle restait sa petite protégée et ses capacités se devaient de rester secrètes pour autrui, au risque de gâcher son meilleur atout. Qu’il s’agisse d’alliés ou ennemis d’ailleurs…

“ Hum… je vois. A vrai dire, personne ne resterait indifférent devant ces étranges fruits. En revanche je soupçonne que certaines personnes les aient gardés comme pièces de collection sans jamais les manger, du moins pour ceux n’étant pas au courant de l’existence des fruits du démon. “

Après tout, Ojin savait que certains fruits circulaient au marché noir. Ce qui signifiait que tout le monde ne trouvait pas forcément intérêt à les manger et préférait en tirer de l’argent, un bon paquet d’argent. Un énorme paquet même, difficile de trouver quelque chose de plus inestimable qu’un fruit du démon à vrai dire…. du moins, en fonction de ses pouvoirs. Chose très difficile à savoir à partir de la simple apparence du fruit à moins d’être extrêmement renseigné.

Une fois le thé prêt, le jeune homme retourne s’asseoir en face de la jeune femme. En tant que grand amateur de thé, son île natale portant même le nom de cette boisson, Ojin sera intransigeant.

“ Pour braver grand line et parcourir le monde pardi. Je suis chasseur de primes, mais je n’attends pas spécialement de mon équipage de faire pareil. Vois ça comme un accord commun. Peut-être pourrions-nous même aller sur all blue, si elle existe bel et bien… “

Dit-il, sachant pertinemment que découvrir cet océan est le rêve de tout cuisinier. Et si les chasseurs de primes sont parfois vus comme des individus douteux, le fait est qu’ils agissent du bon côté de la loi, parfois de concert avec la marine et le gouvernement. A priori, pas de quoi avoir peur de s’attirer des ennuis en sa compagnie donc. Du moins… pas avec les autorités.

“ Un jour peut-être. “

Termine t-il en attendant que le thé refroidisse.

Des rumeurs, puis des recherches, c'est donc ainsi qu'il connait les fruits du démon ? Il doit avoir une sacrée mémoire ou vraiment être passionné par le sujet, mais visiblement, vu comment son œil se met à luire alors qu'elle s'est transformée partiellement devant lui, elle suppose que c'est la seconde option. Genny n'aurait jamais cru tomber sur une personne qui est autant investi dans le sujet des fruits du démon, du moins, une autre personne que certains biologistes qui se trouvent dans le Royaume de Luvneel. En tout cas, la violette est agréablement surprise de faire face à un connaisseur, qui sait, peut-être pourra-t-il l'aider à comprendre comment utiliser son pouvoir issu de l'ingestion de ce drôle de fruit au goût exécrable. Elle se demande tout de même pourquoi la malédiction de ne pas pouvoir nager, mais pour elle qui peut voler - avec certes beaucoup de restriction - ça ne la gêne pas tant que ça, donc pour l'instant, elle n'ose pas essayer de jouer avec ça. Elle reste dans sa zone de confort pour l'instant, elle sait qu'elle devra expérimenter, mais elle préfère le faire sur la terre ferme, parce que le faire en parcourant une eau dans laquelle elle risque de se noyer, c'est plutôt téméraire.

- Les garder pour leur collection ? Mais ce sont des fruits, ils finiront par pourrir, non ? Je veux bien comprendre qu'ils soient rares, mais puisque les pouvoirs de ces fruits peuvent posséder d'autres fruits, s'ils pourrissent, ce sera un autre fruit qui deviendra un fruit du démon dans ce cas, c'est comme si l'hôte meurt d'un certain point de vue. C'est idiot de les préserver pour finalement repartir à la course au fruit.

C'est son point de vue en tant que cuisinière purement logique, après elle n'a pas testé la longévité d'un fruit, et elle suppose que les fruits sont entamés sur le coup s'ils ne sont pas en train de pourrir dans une collection. Enfin, Genny a fini de préparer le thé et s'est mise assise de sorte à laisser l'épéiste se mettre en face, pour le thé, elle pense l'avoir bien réussi, mais après, ce n'est pas son thé à elle, c'est celui de la taverne. Elle ne l'a jamais testé - boire du café c'est plus rapide - et donc ce sera l'occasion de le faire. En tout cas, pendant que le thé refroidit, Ojin explique pourquoi il souhaite construire un équipage : pour partir à l'aventure et découvrir Grand Line. Le "pardi" est sans doute de trop, car elle sait que certains le font pour retrouver un adversaire digne sur Grand Line, pour faire fleurir leur commerce ou tout simplement "devenir le roi des pirates", une connerie de ce genre. Le seul souci dans sa proposition, c'est son statut de chasseur de prime, si certes ce n'est pas un pirate, certains se font primés quand même, après, son nom ne lui dit absolument pas grand-chose, donc il n'a pas l'air d'en avoir une.

- All Blue existe, j'ai mon frère qui y est en ce moment, il m'a d'ailleurs demandé de le rejoindre. Ta proposition est certes intéressante, mais avoir une prime sur ma tête n'arrangera pas mes affaires. Si tu me promets que tu feras tout pour ne pas en avoir une, je te rejoindrais sans problème.

Elle vient prendre sa tasse, commençant à souffler dessus pour tenter de refroidir le liquide, pour le moment, le thé est encore chaud, il n'est plus trop bouillant, ni trop chaud, mais c'est vraiment pour éviter de se brûler les lèvres qu'elle le fait.

- Mais si tu veux te rendre sur Grand Line, il va te falloir un navigateur, un très bon navigateur. Il paraît aussi qu'il faut des outils spéciaux pour traverser Grand Line, des Log Poses je crois que ça s'appelle. Je ne sais pas où en trouver par contre, je suis cuisinière, pas navigatrice, je sais où trouver des ustensiles et des vivres, mais pas ce genre d'objet.

Dit-elle avant de boire une gorgée de ce thé, le goûtant avant d'en avaler le contenu, puis elle dépose sa tasse, avant d'observe ce dernier.

- Ce thé est dégueulasse.

Qu'est-ce qu'elle attendait d'un thé trouvé dans une chambre en même temps ?

Ojin haussa les épaules. Les règles des fruits du démon étaient loin d’être connues de tous. D’aucun pourrait bien croire pouvoir conserver un fruit éternellement de par sa nature spécifique. Toujours était-il que rare étaient les personnes aussi renseignées que lui sur la question, du moins parmis les personnes n’en ayant pas mangé. S’il comptait évidemment acquérir le pouvoir d’un fruit un jour ou l’autre, Ojin s’était préalablement armé de tout un tas de connaissances afin de savoir quel pouvoir aurait-il à l’avance et ce que cela impliquerait. Aussi hédoniste était-il, Tokoyami détestait avancer à l’aveuglette.

“ Si c’est arrivé, j’imagine que c’était dû à une mauvaise connaissance des fruits du démon. “

La remarque de son interlocutrice le fait sourire. Avoir une prime sur la tête, lui qui détestait particulièrement les pirates, serait incongru. En revanche, le fait que son frère soit à all blue, du moins s’il disait la vérité, s’avérait tout à fait intéressant. Ne manquait plus qu’à persuader la jeune femme de le rejoindre dans ses aventures, bien que le départ n’était pour l’instant pas prévu.

“ Je ne risque pas d’avoir de prime sur la tête, ni aucun de mes alliés. En tant que chasseur de primes, ce serait un comble. “

Et Ojin était l’un des plus renommés sur les blues, particulièrement West. Impitoyable mais terriblement efficace, le jeune homme n’aurait aucun avantage à se retrouver primé… et devenir pirate par la même occasion. Ce serait aussi mauvais pour les affaires que pour lui.

“ Il n’y a aucun soucis à se faire à ce sujet. Je sais naviguer, je compte engager une amie ayant des bases aussi… et je sais comment trouver un log pose. Tout ce que j’attendrais de toi est de me rejoindre et de nous montrer ton indéniable talent pour la cuisine. “

Peut-être serait-elle donc la première membre officielle, puisqu’Ilyana n’était pas encore au courant de ce projet bien qu’il savait pertinemment qu’elle accepterait.

“ Puis-je compter sur toi… beauté ? “

Dit-il, suave, tout en goûtant le thé. Une véritable insulte pour un expert tel que lui, qu’il manque de recracher bien qu’il se retienne par politesse.

“ Disons… que je me chargerai du thé à bord. On ne peut pas savoir tout faire. “

Une mauvaise connaissance des fruits du démon ? Genny se doute bien que cela puisse expliquer pourquoi certains pensent mettre ces fruits à exposer dans leur collection, après tout, la luvneeloise pensait bien utiliser le fruit qu'elle a finalement mangé pour faire une tarte et le donner à ses clients, elle ignorait même le goût affreux de ce fruit, jusqu'à finalement l'avoir mangé elle-même. Elle ne pense pas refaire la même erreur maintenant, si jamais il y a un fruit étrange qui apparaît subitement, elle ne va pas l'utiliser pour faire à manger. Si ça se trouve, ça fait disparaître le pouvoir du fruit ... mais elle veut éviter l'expérience, elle refuse de cuisiner avec un aliment d'une qualité si médiocre que même de la viande avariée passerait pour du caviar à côté, et non, elle n'en a pas cuisiné. Enfin, Genny a quand même une question : s'il est si passionné par les fruits, pourquoi ne pas en avoir mangé un ? La réponse est qu'il n'en a pas encore trouvé, mais elle se demande tout de même si, s'il a le choix, qu'est-ce qu'il mangerait comme fruit du démon ? Elle l'observe, croisant son regard avec le sien, bien qu'il n'a qu'un demi regard du coup.

- D'ailleurs, quel pouvoir t'intéresse ? Vu tes connaissances en la matière et le fait que tu n'as pas encore mangé de fruit, on dirait que tu te préserves pour obtenir un fruit avec un pouvoir en particulier, je me trompe ?

Ojin doit vraiment croiser les doigts pour trouver le bon fruit, car en plus de la rareté de ce genre de fruit, il doit avoir la chance de tomber sur le bon s'il en trouve un. Elle espère pour lui qu'il trouvera le bon fruit au bon moment, en attendant, la cuisinière de Luvneel a répondu à sa demande en disant qu'elle n'acceptera que s'il lui promet de tout faire en œuvre pour ne pas avoir de prime, chose qu'il promet, car il déteste les pirates. En soit, certains chasseurs de primes ont des primes quand même à cause de leur moyen de chasser les pirates, mais la demoiselle le croit, il n'a pas l'air de mentir sur le coup.

- Certains chasseurs de primes en ont quand même, enfin, tu n'as pas l'air d'être un fauteur de troubles, donc je te crois.

Elle aurait aimé que ce soit devant un vrai bon thé qu'elle accepte le contrat, mais bon, elle a fait avec les moyens du bord. Elle aurait dû ramener du thé qu'elle a ramené de Luvneel, c'est mille fois mieux que cette bouse qu'offre la taverne. Enfin, lorsqu'elle l'appelle beauté, Genny gonfle les joues, puis dévie son regard de manière hautaine, ayant du mal à supporter les compliments sur son physique, bien qu'elle aime bien en recevoir quand même, juste qu'elle a du mal à les encaisser.

- Tu peux compter sur moi, mais ne m'appelles pas comme ça.

Dit-elle alors que lui aussi n'aime pas le thé que cette taverne offre, remettant ça sur le fait qu'elle ne sache pas faire un thé correctement au lieu de la qualité de ce thé. Elle aura beau réussir à faire une salade, si la salade est périmée, ça reste une salade immangeable, même fait par un cordon bleu.

- On verra si tu dis encore ça quand j'aurais fait du thé avec des vrais herbes et pas ce truc que nous a offert la taverne.

Soutenant le regard de la jeune femme, le chasseur démentit. Trouver un fruit relevait le plus souvent de la chance et du hasard, chose qui n’avait manifestement pas été du côté d’Ojin jusqu’ici. A vrai dire, le jeune homme n’était même pas certain d’en croiser un jour et ne se faisait pas d’illusions. Après tout, sa force était suffisamment grande comme ça pour pouvoir se passer des pouvoirs d’un fruit… bien qu’il ne les refuserait sans doute pas en tombant sur l’un d’eux.

“ Nullement. Je n’en ai tout simplement jamais vu. Advienne que pourra, mieux vaut éviter de désirer une chose totalement hors de ma portée. Les fruits tombent bien souvent dans les mains d’une personne par hasard. “

Dit-il avant de tout de même terminer son thé par politesse, signe qu’il n’était peut-être pas si terrible. De toute manière, la jeune femme le verrait bien au cours de leur prochain voyage… si tout venait à se goupiller bien sûr. Car Ojin avait une idée de navire bien précise, et relativement coûteuse, de quoi faire peur en somme. Le jeune homme allait devoir carburer.

“ Un chasseur de primes lui-même primé peut bien se considérer toujours actif, mais il ne sera qu’un pirate aux yeux de la marine et du gouvernement. La nuance est tout de même importante. “

S’il n’a jamais été spécialement attaché aux lois ou au simple fait de faire le bien, Ojin a vite compris qu’agir du bon côté lui faciliterait la vie. Ainsi, se plier aux obligations d’une vie du côté légal de la loi apparaît bien plus libre que celle d’un pitoyable pirate devant sans cesse fuir les autorités pour survivre dans un monde ne voulant pas de lui… surtout en ayant des personnes comme Ojin aux trousses.

“ … “

En voyant cette moue pour le moins charmante et la réaction de la jeune femme, le chasseur sourit. Un sourire un peu plus sincère que d’habitude, en tout cas moins mesquin. Son côté séducteur est une part importante de sa personnalité, et le borgne a bien assez d’un oeil pour reconnaître une jolie femme.

“ Ne me fais pas croire que ton physique ne te plait pas, hmm ? “

Dit-il, curieux. A priori, la cuisinière devrait être au courant de ses charmes et cuisses bien en chair. D’ailleurs lorsqu’il l’entend affirmer pouvoir faire un bon thé, Ojin accepte le défi.

“ Très bien. Cela scellera notre camaraderie. Il nous faudra un moyen de communication que je puisse t’avoir en toutes circonstances, et je viendrais te chercher avec un navire lorsque tout sera prêt. “

Dit-il, tendant la main pour sceller leur pacte.