Les évadés de North [Part I.]
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Les évadés de North [Part I.]
Melody

Soldat Révo

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Les évadés de North [Part I.] — Mar 8 Sep 2020 - 13:16


Noyer son désespoir dans le fond d’une bouteille. C’est tout. On sait jamais quand ça va finir, quand on va plonger irrémédiablement dans l’addiction. Au début on croit qu’on gère, mais c’est pas toi qui gère mec, c’est la bouteille qui décide. Au fur et à mesure que tu la prend, elle se vide, et au fur et à mesure que tu la vide, tu te dis que t’en reprendrais bien une deuxième. Puis une troisième. Puis en moins de temps qu’il ne faut pour dire « Alcool » tu deviens son esclave. Il faut augmenter les doses pour ressentir les même effets, inlassablement, sans jamais maudire ta condition, tu te retrouves alors à boire des quantités incroyables, presque surhumaine. C’était mon vice, et même ma plus grande source d’inspiration pendant des années. Je voyais le monde a travers le prisme de ma bouteille, pourtant bien trop opaque pour qu’on y voit quoi que ce soit, j’étais assujettis à son pouvoir. A ses belles promesses d’oublis.

Trente et un, trente deux, trente trois, trente quatre… Elle s’arrêta de compter au moment ou la porte de sa cellule s’ouvrit dans un claquement sec. Elle les avait vu venir de loin. Quatre gorilles à ses côtés, le surveillant générale de la prison se pavanait comme un coq dans sa basse cours. S’il avait les pleins pouvoirs sur les prisonniers, il était surtout l’ultime tyran de Mélody. Il prenait un malin plaisir à essayer de la torturer psychologiquement, s’évertuant à la blâmer pour des fautes qu’elle ne pensait pas avoir commit, ou bien encore la privant de dîner parfois. Elle se demandait ce qu’il avait encore inventé cette fois. Son nez en trompette le rendait pourtant si ridicule, qu’elle n’arrivait pas à goûter ses plaisanteries comme lui l’aurait aimé.  En plus, cela faisait cinq ans qu’elle goûtait ses plaisanteries, et elle était du genre à mettre une carapace autours de son petit cœur tout mou.

- Bien le bonjour, Madame Melody, alors qu’avez vous fait de votre journée aujourd’hui ? Fit-il en gloussant à moitié, s’évertuant à rester ridicule même dans son humour le plus acerbe.

- Ca s’voit pas que j’fais du tricot là ? Dit-elle en restant dans la même position, couché sur le dos dans sa banquette en paille, les deux mains sur l’arrière du crâne.

Il siffla car il détestait qu’on lui réponde. Avec Mélody, il était servit. La jeune révolutionnaire, fraîchement embarquée dans l’aventure des rebelles, avait de la parole en stock, et la volonté de l’utiliser.

- Tsss… Ivor, Dagor, tenez là, nous allons lui passer les menottes se sera plus prudent … Dit-il en rigolant dans sa barbe inexistante, ce qui donnait quelque chose comme Kss...Ksss...Kssss, rien de plus que le sifflement du serpent. Rien de moins non plus. Il était perfide cet homme, mais c’était lui la plus haute autorité de ce boui-boui. Elle aurait pu le noté au guide Mikelin, mais la bouffe était si dégueu qu’elle ne méritait même pas qu’on s’y attarde avec une fourchette. Les trois quart du temps, on pouvait même pas découper sa viande avec son couteau tellement il était dur -si on avait fourni un couteau à la dangereuse révolutionnaire qu’elle était. Passive, elle laissa Ivor lui passer les menottes, et toute la troupe quitter l’endroit, le plateau repas dans un coin éloigné de sa position dans la pièce.

Elle adressa un ultime sourire de provocation à son tortionnaire, et gloussa même pour la forme.

S’ils pensaient y arriver comme ça, il se mettaient le doigt dans l’oeil. Elle avait grandit avec un père beaucoup plus retors que ça, et qui lui avait apprit à supporter pas mal d’épreuves. Un fin psychologue son père, il avait bien réussit son coup ; Sa fille unique était partie, et son héritier était en passe de devenir comme lui, un timonier … Il était sûrement comblé à l’heure qu’il était, à ne plus être embarrassé d’une fille qui faisait comme les autres garçons, qui jurait et qui crachait, qui se biturait et qui forniquait … Elle fut interrompu dans ses pensée par un chant. Un chant qui venait non loin de sa position.

Elle ne connaissait pas cet air. Elle ne connaissait même pas les paroles, et avait même du mal à identifier la langue utilisée….Mais c’était beau. Et triste. Beau et triste en même temps. Langoureusement, la voix vint caresser ses oreilles, et cette voix cassée d’homme d’âge mûr, la séduisit. Elle se pencha sur le lit pour mieux capter la musique, petite parenthèse enchanteresse dans un monde brutal et sans pitié, qu’était l’univers carcéral.    

Quand la chanson fut terminée, elle tenta d’applaudir, ayant tout oublié, même jusqu’aux chaînes qui liaient ses poignets. L’échec fut cuisant.

Elle rampa alors jusqu’aux grilles de sa cellule, et pencha la tête de l’autre côté des barreaux pour attirer l’attention du chanteur. Elle frappa trois fois ses menottes contre le métal gris, et le fit tintinnabuler comme une sonnette.

- Hé …. Psssst … Dis, dis, tu peux m’en refaire une autre ?

                                                                                                                         
Quand le publique vous pousse au rappel, c’est que la musique est bonne.
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mar 8 Sep 2020 - 17:35
Le cliquetis des chaînes, voilà longtemps qu’il ne s’était pas vautré dans la fange. Qu’il n’avait pas épousseté de son vieux trench les débris des fonds de geôle. Les rats se disputaient les restes d’une maigre pitance, tandis que l’hématome violacé qui lui mangeait la joue ne cessait de s’étendre. Pas de demi-mesure : il était entré prisonnier, il sortirait prisonnier. Ses mains étaient menottées à un mur et ses bras tendus ne lui laissait que peu de possibilités pour respirer. La position était inconfortable. Mais ce n’était rien, comparé à l’entraînement. Le genre de formation où les exercices en condition réelle étaient moins dangereux … Il tenta de faire glisser son poignet. Sans succès. A ce point, il lui faudrait se démettre le pouce, et y laisser un peu de chair. Aurait-il eu un os, ou une tige il se serait débrouillé. Mais les gardiens l’avaient enfermé dans ce qui semblait être une aile avec un peu plus de sécurité. A vrai dire … il n’avait rien fait qui les en aurait dissuadés. Bien au contraire. Il se passa la langue sur ses molaires ensanglantées. Il n’avait plus l’âge de ces conneries.

Au loin, des éclats de voix lui parvinrent, ainsi que des rires gras. Il changea légèrement de position pour soulager ses épaules douloureuses. Il sourit, ce qui lui fit aussi tôt tirer une grimace de douleur. Creed pesta contre les missions à la con, puis soupira de dépit. Il y avait bien des façons de mener les choses, mais il ne pouvait se permettre une erreur. Il n’avait attendu que ça pendant plusieurs semaines, et c’était la première piste solide à ce se mettre sous la dent. Enfin, façon de parler, là c’était plutôt « dans les dents ». D’un flegme qui trahissait l’entraînement, il se mordit la joue et le goût ferrugineux du sang envahit ses sens. L’agent cracha au loin un jet rougeâtre, qui finit par dégouliner le long de son menton. Immédiatement, des petits cris se firent entendre. Une forme sombre se faufila entre les barreaux, habituée à lécher la nourriture dont elle ne s’emparait que rarement chaud. Le pied nu de l’agent jaillit de sous ses genoux et plaqua la bête au sol. La température chuta de quelques degrés autour de lui …

Trois jours qu’il était enfermé ici. Il avait identifié sa cible. Avec précision, lenteur, il avait appris à la connaître. Ses éclats, ses bravades. Ses quelques murmures mélodiques. Le temps s’étirait pour lui aussi, les gardes étaient au moins aussi tendres avec elle qu’avec lui. S’il avait usé ses poings avec plus de sagesse, peut-être n’aurait-il pas été entravé. Il n’avait gagné aucun répit, obligé de manger ce qu’on lui lançait. Son nouvel ami aux dents effilées était le seul à lui tenir compagnie, un fragment de l’agent s’était imposé à sa volonté et il lui rapportait tout dans les geôles. Patiemment, il échafauda son plan. Préparation était mère de sureté.

Les jours devinrent semaine. Et enfin, il jugea … que le temps était venu. Il se racla la gorge. Redécouvrit sa voix et sa mélodie. Les chants marins étaient ce qui lui restait. Ceux qu’il avait appris à la sueur de son front, au sang de son dos. Les fouets rythmant sa mélodie. Le marteau forgeant le métal sur l’enclume. Les classes infernales qui avaient façonné le granit dont il était fait.


Le chant s’effaça sous le son du métal frappé. Un simulacre d’applaudissement. Sa voix éraillée pour seul instrument.

- Hé …. Psssst … Dis, dis, tu peux m’en refaire une autre ?

Le rat l’observa d’un œil amusé, doté d’une conscience propre. Il observait la prisonnière tandis que le chanteur reprenait son souffle. La créature sembla sourire. Le fragment d’âme qui lui dictait sa conscience frémissait à l’unisson avec les souvenirs ancrés dans la chanson du Capitaine Creed.

- Un public, dans ce trou paumé ? Ah … ricana-t-il, il ne me manque que les tambours du maître d’équipage. Et toi, donzelle ? T’es bien la première à pousser la chanson quand il s’agit de rabrouer les mâtons … Tu n’as rien pour moi dans ton répertoire ?

Il fit tinter ses chaînes, comme s’il cherchait à se dégager.

- Ne te languis-tu pas des eaux indomptées, ainsi enchaînée ?

Elle ne pouvait voir que ses pieds nus, son pantalon élimé.

- J’ai bien d’autres chansons … tout comme d’aspirations. Je n’aurai peut-être pas dû me débattre autant lorsqu’ils m’ont traîné ainsi, se morigéna-t-il. Mais toi, quel crime as-tu donc commis pour terminer ici ?
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mar 8 Sep 2020 - 23:01
 
     

Ils pourront toujours nous priver de notre liberté de se mouvoir, de manger et bien même de penser … Ils ne nous enlèveront jamais cette envie de chanter, cette envie de faire de la musique un cheval de bataille contre leurs oppressions continuelle. Ils pourront m’enlever les jambes, les bras, et toute mon âme, ils ne m’enlèveront jamais ma bouche, avec laquelle je continuerai de me battre.  Je suis un vieux canasson, un âne bâté, une âme égarée selon eux. Je suis la survivante d’années et d’années à me perdre dans la boisson, les ripailles de l’oubli. L’oubli de ma liberté première, l’oubli des crimes qu’ils avaient commit contre mon peuple. Le soumettant par les richesses, et par l’ignorance de nos dirigeants de ce monde sans pitié que j’ai appris à connaître sur le tard. Comment ne pas avoir la haine ? Comment oublier tout ce que j’ai raté ? Comment vous faire parvenir le sentiment d’intime cruauté, qu’on m’ait arraché à ma terre natale que j’aimais tant, pour en faire un lopin de terre marqué du signe de l’amirauté ?

- Ne t’en fais pas mon ami, je suis la première étonné de trouver âme qui vive dans cette section de la prison … Je croyais être la seule,  depuis des années… Fit-elle. Sa voix était enrouée par l’émotion de découvrir un homme de sa condition, dans ses conditions. Il paraissait fier. Il paraissait fiable. Il chantait avec son cœur, et cela lui plaisait. Alors quand il réclama la pareille, elle se mit en tête une chanson de son pays natale, Utopia. Une chanson qui en disait long sur les traumatismes qu’avaient subit son peuple.

L’histoire d’une petite fille qui prit les armes pour renverser les tyrans, et qui finit par réussir.

Voilà tout ce que c’était, cette chanson. Elle représentait tant dans l’histoire de Mélody, qui ne voyait en ce chant que la cristallisation de tout ce qu’elle pensait. Le peuple est bête, mettez le au pas une fois, il voudra s’y retrouver de nouveaux quelques décennies plus tard, bien que vous l’ayez sauvé d’une tyrannie certaine.  

Sa voix de crécelle, bien que chargée d’émotion, ne sonnait pas juste. Triste réalité pour une fille qui s’appelait Mélody. Une fois la dernière notes de sa petite chanson terminée, elle se remit par terre, pour mieux entre apercevoir son compagnon de misère. Elle souffla, consciente d’entrer dans un jeu qui lui rappellerait tout ce qu’elle ratait, depuis les geôles de sa prison.

- Il y’a tant de choses qui me manquent … Un repas chaud, un bon cognac, quelques cigares, un bon vieux coït … Tant de choses, qui nous manque. Finalement on s’adapte, on apprends à vivre avec …

Elle fit une pause, consciente d’être une pipelette dans un moment chargé d’émotion, et que cela pouvait tout gâcher. Que cela pouvait le faire fuir, comme les autres, dans une direction éloignée d’elle… Melody n’en pouvait pû d’être seule. Même les apparitions de son geôlier lui faisait du bien, lui permettait de se sentir humaine, de tenir le coup … Quand reverrez-t-elle l’air pure et libre ? Quand reverrez-t-elle ses amis, sa famille ? Pourtant, elle avait prit une décision et s’y tiendrait … C’était à l’aune de sa détermination que naissait sa force intérieure.

- Comme toi, j’ai voulu affirmer mes idéaux, défendre mes positions, et voilà ou cela nous mène finalement … A la potence et à la prison, comme tout les autres …

Elle n’était pas une exception dans un monde rose bonbon, emplit de paillettes. Non, elle était un cas commun, presque générique, basique tant il en existait d’autres.

- … Alors que notre seul crime, c’est d’être en désaccord. On devrait avoir le droit de choisir, le droit de ne pas subir, le droit de vivre selon nos propres codes, et nos propres préceptes, n’est-ce pas ?

Elle parlait toujours trop, mais aujourd’hui c’était pire qu’à l’époque… Aujourd’hui, c’était comme si on avait laminé sa solitude, dévissé les vannes de sa parole, et libérer le monstre qu’elle gardait tout contre sa poitrine, et qui même s’il lui faisait du mal, lui permettait de se sentir encore forte dans une situation pourtant précaire.
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mar 8 Sep 2020 - 23:29

Des accents rugueux, d’une tristesse qui ne pouvait pas être feinte. Le rat aux yeux ténébreux se glissa entre les barreaux pour contempler la jeune femme. Des accents révolutionnaires guidaient les paroles, un parfait chant d’endoctriné. On pouvait entendre mille fois une chanson populaire et y distinguer une âme différente à chaque interprétation. Et dans la saveur de celle-ci, Creed y distinguait une certaine candeur qu’il n’avait que rarement côtoyée. Non, candeur n’était pas le mot. Cela impliquait une naïveté qui ne marquait pas ce timbre-là. Mais ce n’était qu’une énième farandole idéaliste. Cela confirmait qu’il avait trouvé la bonne personne. Il tira sur ses chaînes pour tenter de gagner un peu de confort, mais avec toujours trop peu de jeu pour permettre à Melody de le voir. Sans qu’elle ne se doute que certaines créatures de ces lieux étaient déjà inféodées au joug du prisonnier. Lui pouvait la voir. Enfin, en quelque sorte …

- C’est dans les moments de manque que nous nous rendons compte de ce que nous chérissons le plus. Même si je n’aurai pas opté pour un cognac en guise de boisson festive. Un armagnac serait de meilleur ton, lorsque je sortirai d’ici … grommela-t-il.

Quand il sortirait d’ici … en effet. Et il allait falloir travailler à l’ancienne.

- Je t’ai entendue assez souvent pester, je dois dire que j’aurai pu rendre la politesse aux gardiens … mais quelques molaires déchaussées m’en avait déjà dissuadé. Je ne suis pas là depuis longtemps … mais ce trou … ah … j’ai peur que ça soit l’un des derniers que je visite.

Des années ? Hm. Il avait pensé trouver une piste un peu plus fraîche, mais cela ferait l’affaire. Pour entrer dans les bonnes grâces révolutionnaires, il fallait au moins ça. Et pour résister ici-bas, elle devait avoir une volonté de fer.

- Affirmer tes idéaux ? Ah … Je vois. Je comprends pourquoi tu as atterri ici. Ils n’aiment pas trop les gens de ton genre ici. Ceux qui remettent en cause le pouvoir établi et les passe-droits … s’amusa-t-il, il n’y a pas de cause heureuse en ce monde, sinon la sienne, mon amie. La confiance tue plus que la paranoïa …

Il laissa le silence s’étirer, avant de lâcher un soupir qui résonna dans les geôles. A part les rats, ils étaient seuls.

- Des années que tu es là, et tu ne t’es pas laissée amoindrir ? Et bien, je dois reconnaître que tu as une volonté bien trempée … mais peut-être quand la vie t’aura roulé dessus, peut-être verras-tu les choses différemment ? répliqua Creed, d’un ton désabusé. Enfin, je dis ça …

Les chaînes tintèrent pour illustrer son propos, que la vie leur avait déjà suffisamment roulé dessus. Sur ces mots, il pivota et se redressa un peu pour soulager son dos endolori. Les vertèbres craquèrent, et il s’enfonça un peu plus dans la paille humide, avec une désagréable odeur de moisissure et d’urine. Les seaux pour les ablutions n’étaient que peu changés.

- Ce n’est pas le désaccord qu’ils craignent. C’est la dissidence, une voix qui chante sur un autre diapason, une façon de vivre sans eux, où ils ne seraient plus utiles. Le désaccord … c’est le moindre des crimes, et la condition qui fera de toi quelqu’un de réfléchi. Il faut contester pour s’épanouir … Il faut contester pour se découvrir … Peut-être est-ce cette vérité que tu cherchais ? proposa Creed, faisant vibrer jusqu’à la plus profonde de ses fibres révolutionnaires.

Des souvenirs diffus et variés, quelques chants, quelques crédos perçus çà et là. On n’empruntait pas la voie du 8ème sans réciter les serments de ses ennemis. A tel point que la limite entre eux et … nous en devenait de plus en plus fine. Et dans un être qui avait goûté à l’essence vitale, aux âmes, de temps d’individus … c’était à se demander s’il lui restait une parcelle d’identité. Ou alors, ce n’était qu’une excuse pour se permettre d’agir ainsi.

- Je m’appelle Creed.
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mer 9 Sep 2020 - 0:13


Je vous parle d'une histoire d'amour. D'une histoire qui remonte à des décennies, voir même un petit centenaire, ou que sais-je encore. J'étais perdue, troublée, pleine de ressentiment, amère, et un peu endommagée. Autant physiquement que moralement, je n'en menais pas large. C'était comme si on m'avait passée à tabac. Enfin non, on m'avait passé à tabac. Et plus d'une fois, après la fouille, certes humiliante mais pour autant on peut survivre à la plus cruelle humiliation, après l'inscription au registre, après le passage chez le coiffeur, ou je perdis tout visage humain. Je n'étais qu'un numéro, on me traitait comme une paria. Tout le monde m'avait abandonné. Mon camp m'avait abandonné. Ma cause m'avait lâché. J'étais à deux doigts de perdre la foi ...

Puis vint cette petite histoire. Cette petite histoire d'amour ... Pas la mienne, mais celle d'un autre, passé dans cette cellule avant moi.


- Je m'appelle Mélody. Fit-elle de sa voix rocailleuses, aux accents désenchantés.

Elle relâcha le barreau mais concentra tout son être sur le prisonnier de gauche, un des seuls à être une telle pourriture qu'il méritait l'isolement. Comme elle. C'est dans nos ressemblances que l'on se reconnaît, et que l'on apprécie un autre que soi. L'être humain est égoïste, il n'aimera toujours que ce qui lui renvoi une image positive de lui même. Et quid de mieux que sois même ? Quid mieux que sa propre façon de voir les choses, son propre reflet dans un miroir. Le besoin de reconnaissance, d'être validé par un autre que lui même, voilà qui motivait souvent les plus idiotes actions.

Comme celle de se révéler à un inconnu qui passait finalement par là, que pour un passage éclair sans doute, par rapport à la peine qu'elle supportait. Une peine à perpétuée, pour les révolutionnaires. Et encore elle avait de la chance qu'on ne l'ait pas décapitée sur place. Beaucoup de chance. C'était morte ou vive finalement. Et elle avait choisit de vivre.

A elle d'accepter que son instinct de survie prévalait, sur tout les autres concepts et préceptes qu'elle connaissait.

- Allons désespère pas l'ami, 'fin Creed. Ce trou sera sûrement le premier d'une longue liste vu le mécréant que t'es, pas vrais ? Qu'elle dit en souriant pour elle, faisant de ses pommettes à croquer, et s'étirer ses grandes lèvres pâles. Elle riait finalement, peut être qu'il riait avec elle. Elle s'en fichait de son avis finalement.

Il était qu'un numéro, sur une foutue liste, dans une foutue prison de merde à la con. Ca faisait du bien de le penser sur le moment, mais ça arrangeait pas sa galère. Elle avait accepté. Que pouvait-elle faire d'autre ? Elle resterait enfermée, et devait passer son temps à quelques choses. Alors elle faisait la conversation à un petit nouveau. Elle était la matriarche ici, après tout. Et s'il lui rendait quelque années, elle pouvait toujours surprendre ...

- Après tout, personne est mieux que personne, alors pourquoi penser qu'on juge bien quelqu'un ?Qu'on est mieux placé pour le faire ? J'suis pas le juge, le juré et l’exécuteur moi ! J'suis juste un élément perturbateur - ou bien perturbé ... Elle mima de ses mains enfermée une particule dans l'air. Un electron libre, le petit grain de sable dans la machine bien huilée...La peur est un frein, Creed, pas un moteur.

Elle s'écarta, finalement peut être qu'elle devait se taire, oui. Et lui devait parler.

- Question intime s'il en est, mais toi, t'as foutue quoi pour mériter l'isolement ? Elle ne parlait pas de crime, mais plutôt de punition. Anodinement, elle commençait à creuser de son côté, oui, il semblait vraiment très rapide à adhérer à ses propros. Un peu trop complaisant ? Un peu trop vénininmeux ouai ! Enfin ça, shhht, c'est nous cher lecteur, qui avons le privilège de la savoir.

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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mer 9 Sep 2020 - 15:53
L’agent sourit. Le rat en fit de même, étrange. La question fatidique, qui les emportait tous : qu’est-ce qu’ils avaient fait pour mériter pareil traitement ? L’histoire était déjà entendue pour lui, et tout à fait vraie. Il s’était arrangé pour que certaines lignes soient trafiquées et qu’un certain crime non élucidé lui soit attribué. Graisser les pattes aidait toujours un peu. Il fallait que ce soit suffisamment important pour terminer ici, suffisamment gros pour avoir peu de chances d’en ressortir. Et suffisamment libertaire pour dorer son nom. Il prit son temps pour répondre, devait-il se livrer aussi vite ? Bah, après tout, ne venait-elle pas d’en faire autant ?

- Disons que j’ai un petit peu outrepassé certaines limites. J’ai mis les doigts dans une sale affaire, et ça a mal tourné. On fait ce qu’on peut pour survivre … mais là, y’a des gars de l’autre camp qui en ont payé les frais. ‘fin bref. Y’a eu une saisie de poudre, un tir mal placé et des morts. J’ai réussi à faire profil bas un temps, mais pas suffisamment.

Un grossier résumé d’un vol de marchandise à la marine qui avait mal tourné à cause de la fusillade qui avait suivie, causant des morts dans les deux camps, et dont le chef des criminels avait réussi à s’échapper. D’ailleurs, il faudrait que Creed s’occupe rapidement de le retrouver, de façon à éviter toute réapparition fortuite. Mais c’était son nom qui apparaissait sur le dossier de l’affaire, de toute manière. Le type était, pour l’instant, libre comme l’air et à des années d’être inquiété.

- J’suis bien un mécréant, comme tu le dis. Va pas penser que j’ai pas mérité de finir ici. Je suis censé en prendre pour longtemps, et ça s’améliorera pas vu que certains de leurs copains sont morts … Je pensais pas qu’être un simple élément perturbateur pouvait amener à une peine aussi sévère qu’un emprisonnement de plusieurs années, t’as dû bien faire quelques remous toi aussi non ? Enfin, suffisamment pour terminer au même endroit qu’un voleur et un meurtrier ?

Il en parlait presque avec détachement, blasé de cette réalité qui était … bien proche de la réalité il fallait le dire. Il ne comptait plus les morts qui avaient suivi son passage, ou ce qu’il avait dû dérober pour le compte du Gouvernement. La liste de ses crimes était longue, mais il avait deux astuces essentielles qui dictait ses actes : ne pas se faire prendre et rester du bon côté de la barrière. Enfin, à voir où ça l’avait mené aujourd’hui …

- Mais non, je ne désespère pas. Ce n’est pas le premier trou à rats que je vois. Ni dont je m’évaderai. Il suffit juste de guetter le bon moment : tout est une question de timing dans la vie.

Il soupira, encore une fois. Le rat revint vers lui, une lueur d’interrogation dans le regard. Même si la conscience taraudait ses créations, elles se révélaient souvent imbéciles lorsqu’il ne leur imposait pas son joug mental. Celui-ci n’échappait pas à la règle. A la mention de l’évasion, il revenait demander si c’était le moment de s’évader ou pas. Même un pirate était plus futé. Certains objets pouvaient, cependant, faire montre d’une vivacité d’esprit suffisante. Mais on ne pouvait pas espérer mieux avec seulement un fragment d’âme pour les faire vivre.
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mer 9 Sep 2020 - 16:44


Voici le mot qui m'a été donné, transmis par une petite trouée proche de mon lit :

Je ne sais pas qui vous êtes, ni pourquoi vous êtes. Tout ce que je sais c'est que vous partagez la même souffrance que moi. Que vous éprouvez les mêmes sentiments que moi. Les doutes sur la justice que vous éprouviez autrefois, se sont avérés exact. Vous êtes enfermés ici pour un crime, qui sans doute, ne méritait pas tant d'ardeur à être punis. Pas tant de dureté à être lavé, pour une société malade, être dans la norme ne signifie être en mauvaise santé psychique ? Les comportements déviants que les gens mettent tant de peine à détester, ne serait pas justement placé sous le signe de l'évolution ? Je vous parle d'une histoire d'amour. Je vous parle d'une histoire qui n'a pas sa place entre la grille en métal et le mur en béton, mais plutôt dans un champ un samedi après midi, à manger des tartes aux myrtilles et à contempler les nuages.

J'ai été punis pour avoir été moi, et je trouverais toujours cela injuste, quoi qu'en dise, quoi qu'en essayera de me faire penser.


Un criminel notoire de plus sur la longue liste des criminels qu'elle avait côtoyé ici. A force d'avoir connus les pires raclures de notre hémisphère, n'était-il pas logique d'en devenir une ? Tout du moins de s'adapter. De changer. Le sens moral de Mélo c'était émoussé au fil du temps. Comme une lame qu'on entretiens pas, comme un outil que l'on cesse d'utiliser, comme une personne que l'on cesse de voir. Tout s’émousse, tout se tasse, tout devient irrémédiablement petit. Froid. Austère. Et surtout désespérément à la recherche d'une nouvelle flamme, d'une nouvelle âme, d'un nouveau but. Melody était ce genre de personne à qui on avait arraché sa liberté, brûler les ailes, et ordonnez de rester à terre. Certains oiseaux sont trop beaux pour les laisser s'échapper, s'envoler, au risque de ne jamais les revoir, car ils sont si séduisants, qu'ils trouveront toujours une place ailleurs.

Un nouveau foyer, une nouvelle branche sur laquelle se poser, une place ou se sentir chez soi, utile et accepté.

- T'sais, j'suis pas du genre à dire que tout les marins sont des salauds. J'dis juste que la majorité l'est, et qu'on fait bien de pas les laisser nous marcher sur les pieds. T"voulais un truc, et t'as tout fait pour l'obtenir. Je respecte ça.


D'un autre côté, elle était dans une vision tronquée de la réalité, et de la vérité. Dans son schémas normal, elle aurait condamné. Mais de nos jours, dans ce modèle anarchique de pensée qui traversait son crâne, il n'y avait aucune place pour le jugement. Rien que le mot lui filait des aigreurs d'estomac, et la révulsait.

- Il suffit qu'on se dise de l'autre camps, et on prends perpet. Moi j'pouvais pas nier en être, alors j'ai pris la rate à vie. Pas de quoi en chialer non plus, j'vais sûrement être sauvée un jour, on se souviendra peut être du soldat qui à mené l'opération à sa faillite un de ses quatre. Mais en attendant, faut me trouver. Et ça, c'est plus compliqué que ça en à l'air. Ils font bien les choses, ils savent comment te faire disparaître dans un sac ... D'un claquement de doigts. Termina-t-elle par dire en avalant un peu de salive.

Oui, c'était sûrement ça, la raison de toutes ses années dans le cachot. Ils avaient brouillé les pistes, enfin surtout le chasseur de prime qui l'avait arrêtée. Lui, quand elle le retrouverait, elle lui ferait passer un sale quart d'heure. Elle lui ferait payer toute son avidité, toute sa cupidité. Pas de chichis, elle jurait même s'il le fallait. Et puis elle aurait le fin mot sur l'opération, comment la marine avait elle été au courant de sa position sensée être secrète ? Sensément mobile, elle n'aurait pas dût être découverte.

La question d'une taupe à l'intérieur ne se posait même plus, elle était évidente.

Puis elle entendit un mot qui la fit rire. L'évasion. La grande impossible que recherchait tout les prisonniers qu'avaient pris suffisamment long pour y penser. En tout les cas, c'était son propre cas. Certains y arrivait mais elle voyait mal comment ils pouvaient réussir, entravés, enfermés, diminués. Même, que ferait-il après ?

- Hahaha ... S'évader ? Il paraît que Coral Reef est la pire prison des Blues pour ça... Pas pour rien qu'on m'a mit ici. Faudrait pas que ça fuite en tout les cas, sinon on risque de prendre de grosses primes... Mais j'suppose que toi aussi, t'en a rien à faire de savoir combien coûtent nos miches ? Qu'elle fit, comme si c'était une sorte d'entente entre eux. S'il tentait de s'échapper, elle suivrait, voilà ce qu'elle disait à demi mot.

Elle avait apprit à se méfier, car les ruses du gardien étaient nombreuses, et ses petites mains également.

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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mer 9 Sep 2020 - 17:42
Tous les marins sont pas des salauds, mais certains le sont. Tous les révos sont pas des salauds, mais certains le sont. L’être humain est un salopard par essence. C’était plutôt dans cette direction qu’il fallait regarder selon Creed. Il était un salopard, enrobé de salopard et fourré au salopard. Au moins en avait-il conscience. Il n’était pas homme à s’en vouloir, il faisait ce qui était nécessaire. Ainsi avait-il été éduqué. Ou dressé. Donner une dose de discrédit, se construire un personnage cohérent et qui n’avait rien à demander aux révolutionnaires. C’était la première étape pour nouer des liens. Exiger, c’était perdre. Demander, c’était perdre. Quant à disparaître dans un sac … il était satisfait. L’opération entière aurait été un échec si cette jeune femme n’était pas celle qu’il croyait. Bon, il était passé à côté de quelques éléments, mais dans le global, cela s’équilibrait. Tout ça pouvait même le servir : un enfoiré qui avait balancé, lâché ? Lui pourrait le trouver avec plus d’aisance … Après tout, les rats, il y en aurait toujours des légions. Quant à ce rat-là, il le sacrifierait volontiers pour son but. Elle avait raison sur un point : quand il voulait quelque chose, il l’obtenait.

- On ne veut pas toujours des choses pour les bonnes raisons. laissa-t-il trainer, sibyllin. Mais être de l’autre camp, ça supposerait déjà qu’il y en ait que deux …

Creed soupira, ses chaînes tintèrent de nouveau. De l’acier, assez serré. Il ne pourrait pas les enlever aussi facilement que lors de ses précédentes échauffourées.

- Coral Reef est une prison, et toute prison a sa faille. Regarde, les légendes sur les Mugiwaras … y’a forcément une part de vrai sur Impel Down non ? répliqua-t-il, sur le ton de celui qui en savait assez pour connaître son sujet.

Les versions officielles ne s’écartaient pas beaucoup des officieuses, même si on attribuait des choses fantasques à cette bande de pirates et à leur exploits, l’évasion de leur chef d’Impel était un fait qui avait chamboulé le monde à l’époque. Du moins, un des faits.

- C’est le problème … quoi qu’il arrive, ça risque de mal finir pour nous cette histoire. Mais je tiens plus à ma liberté qu’à mes miches, comme tu dis. Surtout que s’ils captent que j’ai un peu repris la forme, j’ai pas tellement envie qu’il me refasse passer l’envie de parler pendant plusieurs jours … Paraît que sur Grand Line, y’a des endroits où on nous foutra la paix, ou des îles où ils viendront jamais nous chercher. Des racontars tout ça … mais avant de penser à sortir d’ici, il faut savoir où aller se planquer …

L’agent secoua la tête. Depuis combien de temps ne s’était-il pas rasé, ses joues le démangeaient. A moins que ce soit la faune qui y ait élu domicile.

- Si tu trouves un moyen pour qu’on se tire d’ici … je suis prêt à t’accueillir chez moi, tiens. Enfin, pour ça faudrait trouver un moyen pour grimper ces étages, passer les gardes, les sécurités, les chiens et tout le toutim. grommela Creed.

Il avait raison en ça, sortir de la prison serait l’entreprise la plus ardue, même avec son entraînement. Ils envoyaient souvent les recrues voler quelque chose à un supérieur pour tester leur discrétion et agilité. C’était un exercice un peu du même type, sauf qu’au lieu de finir pendant des semaines dans la salle noire, il risquait de se faire trouer la peau. A choisir, il préférait se faire trouer la peau. Quant à la grille et aux menottes … ce serait un jeu d’enfant pour lui. Mais ça, il le gardait pour plus tard dans la négociation.
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mer 9 Sep 2020 - 19:40
Tout les jours, je lisais un nouveau paragraphe, cela occupait mes jours et mes nuits d'insomnies premières, et voilà comment cela continuait alors :

On a pas toujours la chance de la rencontrer. La personne qui vous correspond complètement, votre âme sœur. On a pas toujours le droit à ce bonheur dans sa vie. Quand il s'agit d'attraper les bonnes choses au vol, et de ne jamais les lâcher, j'étais plutôt fortiche. J'avais vu dans cette personne le meilleur, et le plus beau de l'être humain. Son petit nez ne trompette me faisait craquer. Et tout les jours, ma moitié m'apportait une part de tarte à la myrtille, à mon travail. Cela me faisait fondre, et cela constituait la base saine de notre relation. Complètement fou d'amour, je ne ratais jamais un rendez vous.


- T'vois bien ce que je veux dire, Creed, qu'importe le camp, tant que ce n'est pas le leur, alors on devient un ennemis, une cible à abattre. Déclara-t-elle. Même parfois on devient traître à son propre camp sans le savoir, juste par une loi idiote... Elle parlait autant de son cas que de celui de milliers d'autres, qui ne semblaient pas vouloir être reconnu par les forces de l'ordre ; Cela faisait désordre sur le papier, il valait mieux renvoyé l'image d'un gouvernement et d'une machine parfaitement droite, et bien huilée. C'était pour cela que l'on faisait disparaître les personnes dans son genre, sans jamais en parler à haute voix, car tout ce qui pouvait déranger le pauvre citoyen innocent, véritable mouton, et épargner l'image d'un monde pourrie jusqu'à l'os, c'était ce qui les arrangeait le plus.

Ou parfois on les laissait quitter le territoire bafoué, simplement par envie de voir ce genre de problème disparaître, et qui était le cas précis de la jeune femme, dans sa jeunesse.

- Oh oui, j'ai lu des livres subversifs, ou des théories fumantes s’accommodaient d'une réalité bien plus triviale et moche. C'était un autre temps, maintenant l'homme avertis en vaut deux, et il nous faudrait un coup de pouce du destin pour réussir notre coup... Fit-elle, pas défaitiste, pas optimiste, juste réaliste sur leur chances de réussite. Mais je commence à en souper d'être ici ... Dit-elle en détendant ses muscles, faisant craquer ses articulations amoindrie à force de rester immobile, mais aussi cliqueter ses chaînes, qui semblaient se tordre sous l'effort. Elle respirait de plus en plus fort, gonflant ses muscles d'oxygène, permettant une force supérieure à l'être humain normal. Je commence à me foutre des conséquences de mes actes, aussi. On passe à un niveau supérieur de 'je m'en bas les couillisme' si tu vois ce que je veux dire !

C'était une sacré bonne femme, la mère Mélody. Même dans une situation pareille, elle était prête à vous suivre jusqu'au bout du monde, si jamais vous saviez la charmer.

- Parce que t'as un chez toi, toi ? T'es pas le genre papillonneur qui se pose de branches en branches ? J'veux dire, t'as un vrai chez toi ?  


Elle qui n'avait ni le profil de l'un, ni le mérite de posséder l'autre ... Cela faisait d'elle une sorte d'incompétente ? Une sorte de sans domicile fixe en tout cas ... Elle n'avait ni port d'attache, et bien que possédant une famille, ne se sentait pas du tout du même monde qu'eux. Après tout, ils étaient restés à Utopia. Et ce n'était sûrement pas pour rien ....
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Mer 9 Sep 2020 - 19:56
Il était l’huile dans les rouages, chargé de maintenir les mécanismes à leur place, pendant que d’autres pensaient que la machine fonctionnait toute seule selon leurs réglages. Il effaçait de l’équation le désordre, ou les ennemis, selon les positions politiques. Il avait entendu cette tonalité dans la voix, cette conviction qui montait du cœur et accompagnait le combat d’une vie. Cette fibre qu’il n’avait que trop vue, qui emportait les jeunes dans des idées chatoyantes sur la société et les possibilités offertes par ce monde. Mais, comme disait un de ses amis, un des seuls, le vrai monde il va chez le coiffeur. Le sens ne sautait pas aux yeux, mais cette phrase expliquait beaucoup de choses. Ils pensaient qu’une autre façon de faire était possible. Ils n’envisageaient pas les sacrifices pour en arriver là et … Bon sang, mais à quoi pensait-il ? Il était là pour faire son travail. Voilà quoi il servait.

Creed se morigéna intérieurement pour la dissidence de ses pensées. Du moins, pour le léger écart au dogme que son esprit venait de réaliser. Depuis qu’il avait tué cette … femme, tout allait de travers. Ses pensées si ordonnées battaient de l’aile. Parfois avec un pincement au cœur. Comment elle s’appelait, déjà ? Mathilda ? Il refoula les émotions qui remontèrent avec une maîtrise née de l’entraînement, et enferma ses démons dans les tréfonds de son âme. Le rat frémit lorsque la porte intérieure s’entrouvrit. Peut-être un sursaut de conscience lui avait permis de se rendre compte à quel point l’être qui lui imposait sa volonté possédait une âme sale, noire. Charbonneuse.

- Y’a bien de tes comparses qui pense pareil, petite. C’est bien ce qui m’inquiète … j’ai l’impression que le problème, c’est l’être humain, tu vois ? Personne échappe au lot. soupira l’agent. Comme tu le dis, c’était un autre temps. Ça fait combien de temps que tu es ici ? Depuis combien de temps t’as pas mis le nez dehors ?

Il se racla la gorge et relâcha l’emprise qu’il avait sur le rat. Ce dernier poussa un cri de surprise et s’enfuit de toutes ses pattes. Un sursaut d’énergie s’empara de Creed qui en poussa presque un gémissement de bien-être. Plus il séparait son âme, plus il était faible. Et il aurait besoin de ses forces pour ce qui allait suivre.

- Un chez moi … j’ai une barque, hé. Ça y ressemble non ? Un moyen d’être libre. De rien devoir à personne. Non, chez moi, c’est là où je décide de me poser. En soi, le monde est mon chez moi. ricana-t-il, tout en s’étirant.

- Et toi ?
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Jeu 10 Sep 2020 - 12:55
- Il fallait mieux nous traiter, Creed, c'est tout. A force d'ingèrance et de faux samblants, à force de mensonges et de manipulations... Il faut pas s'étonner que les gens deviennent dangereux. Volatile. Prêt à tout ... Dit-elle en s'appuyant contre le mur qui donnait sur la cellule de son comparse, les genoux ramenés au niveau de son menton, et les pieds posés au sol. Elle s'était ramassée. Rassemblée. Plusieurs fois elle avait refait le film dans sa tête.

Et pourtant il ne lui semblait toujours pas juste que d'être dans une situation pareille. Elle n'était pas une dangereuse criminelle, plus une douce et idiote idéaliste.

Ils l'avaient changé. Ils avaient fait d'elle une arme polie contre les murs en pierre et en corail de Coral Reef. Tout les jours, c'était la même rengaine. Rouée de coups, mise plus bas que terre, sévices par ci, sévices par là.  Tout les jours, elle avait sa dose de haine contre le gouvernement, même si elle se disait que le geôlier était bien prompt à faire son métier. Elle savait que par la force des choses on pouvait être amené à faire ressortir le pire de soi.

Peut être que lui même ne se soupçonnait pas d'être un être aussi cruel, et malfaisant. Peut être découvrait-il en même temps qu'elle, la triste et maudite réalité.

Et que serait-elle capable de faire pour se sortir de pareille situation, elle ? Devenir une tortionnaire, une meurtrière, en tout les cas une renégate recherchée par la loi ? Tout ça pour une erreur de jeunesse, que finalement, elle assumait jusqu'au bout des ongle ? Non, elle n'avait jamais vendu un seul secret révolutionnaire de sa connaissance pendant son séjour ici. Non. Elle tenait bon, et bien qu'elle en sache moins que d'autres, mettait sa langue au pas. Parce que sa langue, elle, avait envie de parler, de se délier, et de cracher.

Au lieu de ça, un crachat au visage de son gardien en faisait l'héroïne du niveau tout entier. Même si elle ne le savait pas, car ils l'avaient placé dans une ignorance totale de l'endroit ou elle se trouvait. Finalement, comment ne pas croire que ses compagnons de cellules étaient tous des agent du Cipher Pol venus pour l'épier ?

- Et moi ? Moi, j'viens d'Utopia. Mais ce n'est plus vraiment un 'chez moi' depuis belle lurette ... Dit-elle en se redressant, fatiguée. Elle s'écroula sur la banquette. Continua de parler même si c'était plus difficile à percevoir, et qu'il fallait tendre l'oreille pour l’écouter... J'suis pas une terrienne, l'ami, je suis un 'aérienne'. Je laisse le vent m'emporter ... Qu'elle murmura presque, s'endormant enfin après une nuit d'insomnie passée à crever la dalle.

Elle s'endormit avec le sourire aux lèvres, après tout lâcher du leste nous permet de nous envoler.
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Re: Les évadés de North [Part I.] — Jeu 10 Sep 2020 - 23:43
Volatile, c’était bien la sensation qu’il en avait. Cette jeune femme était trop … particulière pour ses plans. Il sentait sa volonté, sa force et son tempérament. Mais nul ne pouvait prévoir ce qui se passerait une fois la mèche allumée. Il soupira, oublia presque la douleur. Toujours était-il que pour la rejoindre, il avait sienne sa misère. Les coups, les jeux sadiques des mâtons. Tout ça, il y avait goûté. Mais une seule chose lui permettait de tenir : il avait déjà connu pire. Les classes avaient pour but de les briser afin de les reforger dans le moule gouvernemental. En cela, jamais un révolutionnaire ne pourrait imaginer ce qu’était le vrai désespoir, la vraie douleur. Tout ce qui avait été sacrifié pour le façonner lui, Creed, l’arme sans âme. Le dévoreur d’âmes. Il secoua la tête, chassa ces sombres pensées. Nier ses pensées était la démarche la plus efficace pour rester clair dans ses directives.

Il perçut la voix de Melody faiblir, puis entretint la conversation quelques secondes avant de se rendre compte qu’elle s’était endormie. Il sourit malgré lui, trouver le sommeil ici était une chose terrible. Il attendit quelques minutes, s’assura qu’elle dormait à points fermés, puis posa les mains sur ses entraves. La température chuta de quelques degrés autour de lui, lorsqu’une aura noire s’engouffra dans la serrure de ses liens. Quelque chose roula au fond de la serrure et sur le métal s’agita une étrange forme qui papillonna puis s’ouvrit pour révéler un iris aussi noir que le sien. Les menottes s’ouvrirent dans un cliquetis. L’agent laissa tomber ses bras et massa ses poignets endoloris et perclus de meurtrissures. La peau était écorchée sur une large bande, et le sang et le pus s’étaient mêlés pour former une croûte peu avenante. De l’index, il rappela le fragment d’âme qui revint en lui comme une sangsue s’arrachant à sa proie. La température remonta aussi tôt, comme si l’acte profane n’avait laissé aucune trace.

- Dors bien, petite … demain, tu auras besoin de toutes tes forces … se murmura-t-il, avant de tirer autour de lui les pans de son trench-coat usé.

Il les resserra, et se glissa vers un tas de paille un peu plus sec que le reste. Il se redressa, et fit craquer ses membres avant de s’installer confortablement. S’il avait bien estimé les rondes, le temps que les gardiens se rendent compte qu’il s’était détaché, il pouvait juste piquer un petit so…

- Hé ! Comment tu t’es détaché toi !

Les clefs tintèrent et la porte grinça sur ses gonds. Creed sursauta et se rendit compte qu’il avait dormi plus que de mesure. Il ouvrit les yeux pour voir une matraque s’abattre sur lui. De son avant-bras, il contra le coup et frappa deux coups puissants sur le plexus du gardien. Celui-ci s’écroula en suffoquant tandis que son comparse passait une tête dans la geôle, pour profiter du spectacle. Il ne comprit que trop tard, lorsque le corps inconscient de son ami s’écroula à terre et que le prisonnier lui enfonça la tête contre son genou, que quelque chose d’anormal se passait. Creed passa ensuite au troisième gardien et lui claqua les paumes contre les oreilles pour l’assourdir puis frappa du tranchant de la main contre la carotide. Il s’écroula sans bruit. Avec un calme déplacé, l’agent marcha récupérer le trousseau de clefs puis avança devant les barreaux qui retenaient Melody. Il dépeignait un tableau peu reluisant, avec son pantalon élimé et souillé, ses pieds nus noirs et sa veste trouée. Une barbe de plusieurs semaines mangeait son visage émacié et des cernes jaunes creusaient ses yeux. Ses cheveux poissés par la saleté tombaient en mèches inégales et filasses, trahissant quelques blessures sur le cuir chevelu. Du sang caillé collait la commissure de ses lèvres. Un triste sire dans une triste prison.

- C’est ta chance. lui fit-il, avant de lui jeter les clefs.

Il se dirigea vers la porte, comme si le choix de la fille importait peu. La porte ne comportait aucune serrure, aucun verrou. Elle était fermée exclusivement de l’intérieur, ce qui rendait toute tentative de fuite impossible sans l’aval des gardiens de l’autre côté. Creed s’accroupit et posa sa main sur le métal de la porte. Il ferma les yeux, comme s’il essayait de percevoir un son. La température commença doucement à baisser autour de lui, une légère aura noire gagna la porte.
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