S’il appréciait Honey Gold pour son commerce, Ojin aimait surtout pouvoir y faire fleurir ses affaires. Car au vu du nombre de criminels travaillant au marché noir, l’île ne manquait pas de têtes sur lesquelles étaient posées des primes diverses. Un avantage à exploiter donc pour un chasseur de primes opportuniste tel que lui. Ici, Ojin se sentait comme un loup dans une bergerie. Une bergerie parfois dangereuse pour lui au vu du vaste réseau criminel, mais particulièrement lucrative pour qui savait y faire.

Ainsi, au détour d’une séance de repérage, la chance lui avait souri. Ojin ayant pour habitude de garder une dizaine de copies d’avis de recherche dans son kimono, le jeune homme avait pu reconnaître un criminel primé. Si sa prime ne s’élevait qu’à 5 millions, la majorité des criminels de l’île n’étant de toute manière pas de hautes pointures du crime, inutile de se montrer exigeant. Ojin ne crachait jamais sur du profit quel qu’il soit, surtout lorsqu’il demandait peu d’efforts comme ce fut le cas ici.

En effet, jouant de ses talents oratoires pour attirer l’homme dans un piège en ayant prétendu pouvoir faire affaires, le borgne l’assomma finalement au détour d’une ruelle. S’il aurait pu être idiot de devoir se promener avec un corps inconscient sur toute l’île, Tokoyami avait une fois de plus pensé à tout en prenant soin de se rapprocher du bureau des primes, lui permettant ainsi de ramener son prisonnier sur l’épaule en quelques minutes de marche.

“ Ah, un nouveau salaud à nous faire remonter ? “

S’exclama le tenancier. Le bureau, une pièce relativement petite ou étaient situées quelques cellules étroites, n’était qu’un endroit transitoire ou les criminels étaient déposés en attente de leur transfert vers une plus grande prison en attente de leur jugement. Son emplacement était d’ailleurs récemment changé afin d’éviter toute attaque de bandits ou criminels voulant libérer leurs camarades.

“ La chasse est toujours bonne ici. “

Dit le borgne en déposant l’évanoui dans une cellule sans grande délicatesse, approchant du bureau pour récupérer sa prime. Cinq millions donc.

“ Merci pour vot’ boulot. La marine aime pas trop les chasseurs mais j’ai toujours préféré les types comme vous plutôt que ces coincés du cul. “

Ojin, affichant un léger rictus ironique, compta ses berrys avant de les ranger dans son kimono.

“ C’est tout à votre honneur. “

Mais alors qu’il s’apprêtait à partir, une nouvelle personne fit son entrée dans la pièce. Une femme, amenant non pas un mais deux prisonniers primés, manifestement la pêche avait été bonne.

“ Pas mal. “

Dit-il alors que le tenancier s’excitait déjà de cette bonne pioche. Après tout, lui aussi touchait une prime de l’état à chaque criminel et pirate capturé.

Le jeune homme au kimono observait la femme à l’allure atypique, se massant le menton. Quelle drôle de couleur de cheveux. Néanmoins, passant outre cela, sans doute pourrait-elle être un bon atout pour ses projets à venir… encore faudrait-il la connaître un minimum pour lui en faire part. Ainsi, désireux d’en apprendre un peu plus sur cette potentielle recrue, le borgne maintint la conversation.

“ Un criminel ne valant pas beaucoup plus. “

Dit-il en balayant rapidement ce sujet peu intéressant pour rebondir sur ce qu’elle avait dit plus tôt. Ojin y voyait la une bonne occasion d’apprendre à se connaître. Espérons qu’elle ne prenne pas cela pour du gringue, le jeune homme n’y voyant la qu’un intérêt commercial malgré le ton suave qui le caractérisait.

“ Vous avez parlé d’auberge ? “

Commençant à sortir pour allumer une pipe en bois qu’il sortit du col de son kimono, le jeune homme inhala la fumée. Le faire à l’intérieur aurait été un grand manque de savoir vivre, ce qui ne ressemblait pas à Tokoyami… du moins, tant que ses intérêts n’en découlaient pas. Chasseur ou non, parfois, il est nécessaire de faire quelques écarts pour son propre profit.

“ J’en connais quelques unes dans le coin. A moins que vous soyez une habituée de l’île ? “

Au vu des vêtements qu’elle portait, le borgne en déduisit que non. Sans doute serait-ce l’occasion de lui faire visiter les points d’intérêts de la ville, Ojin connaissant relativement bien Honey Gold au vu des nombreuses affaires qu’il avait pu traiter sur place. Cette île était après tout une mine d’or pour quiconque soit à la recherche de richesses, que vous soyez pirate civil chasseur ou même marine. Peu importe le commerce, peu importe les moyens, il y avait toujours moyen de se faire de l’argent… à ses risques et périls pour les plus audacieux ou avides tels qu’Ojin.

Inhalant la fumée violette de sa pipe, Tokoyami invita donc la jeune femme à le suivre sans toutefois se montrer insistant. A priori, s’il savait jouer des mots, ses airs de bandit peu recommandable pouvaient parfois retirer l’envie à autrui de lui faire confiance.

La vérité est plus simple: Ojin connaît les deux criminels ramenés par la jeune femme. Il suffit de cela pour savoir que leur prime est plus ou moins semblable à celle de celui qu’il a lui-même pu capturer, bien qu’il soit également doté d’une grande perspicacité en temps normal… chose qui ne sert pas toujours quand la vérité est déjà détenue. Ojin s’est toujours tenu renseigné.... surtout sur Honey Gold, ou les affaires sont florissantes et l’argent coule à flots pour qui sait être le plus malin.

Ainsi, exhalant la fumée violacée de la pipe en bois qu’il fume, le jeune homme prend un air pensif l’espace d’un instant, un léger sourire affiché sur le coin des lèvres. La vie, chère ? Tout dépend d’ou l’on se trouve… mais il est sans doute moins aisé pour un nouvel arrivant de le comprendre.

“ Tout se monnaie ici. Ce qui est cher peut donc vite devenir dérisoire pour qui a le sens des affaires. “

Dit-il en commençant donc à avancer, ayant une idée d’auberge en tête. Ojin ayant séjourné de nombreuses fois sur place et appréciant le confort, le jeune homme connaît la majorité des établissements de l’île. Dormir à la belle étoile n’a jamais été son fort.

“ Tout dépend de l’emplacement. Si vous séjournez dans une auberge située en plein centre ville, elle sera évidemment plus chère. Mais j’en connais quelques unes en périphérie tout aussi sympathiques… et différentes. “

Le duo s’approche alors de l’extérieur de la ville, ville constituant bien 30% de la surface de l’île si bien que la plupart de ses habitants pensent tout bêtement qu’il n’y a rien d’autre à voir sur Honey Gold. Grossière erreur dûe à un manque de curiosité de la part des insulaires et des visiteurs. Quelle bande d’idiots, la curiosité est tout aussi importante pour les affaires.

En entendant Wano, Ojin hausse un sourcil. Cette île ne lui évoque pas grand chose à vrai dire, le jeune homme ayant surtout officié à West blue sans passer par les grands axes.

“ L’île du thé. Je doute que vous en ayez entendu parler. “

Après tout, une île si petite et reculée, dénuée de toute civilisation ne risque pas d’être connue d’une personne originaire de Wano. Finalement, alors qu’ils marchent depuis une bonne demi-heure, le duo commence à sortir de la ville pour longer la mer et les plages d’Honey Gold, contrastant radicalement avec l’atmosphère étouffante de la capitale. Puis, finalement, une petite auberge située sur une dune dégagée offrant vue sur mer se dévoile à l’horizon.

“ Nous allons là-bas. “

Dit-il. Cette auberge a beau bénéficier d’un cadre idéal, elle n’intéresse que très peu la majorité des personnes vivant sur Honey Gold, cherchant davantage la richesse que les beautés du paysage.